Les Bell P-39 Q « Airacobra » français
© Jacques Moulin 2013 .
P-39 “Airacobra” 4 43132 (P-39 Q-20-BE) de la 1èreescadrille du GC 1/9 "Limousin",unité recréée en décembre 1944 à Meknès. La 1èreescadrille gagna La Reghaïa, le 27 mars 1945.
La seconde escadrille (tête de fennec) suivit quelques jours plus tard. (Archives SLHADA)
Le Bell P-39 Airacobra était un chasseur américain très connu parce que très reconnaissable et qui fut construit en très grand nombre. Malheureusement cet appareil n’a pas laissé de grands souvenirs parmi les pilotes qui les ont utilisés aux combats. Il était construit par Bell Aircraft Corporation.
C’était un avion de conception très moderne pour l’époque, possédant un train tricycle et des caractéristiques prometteuses sur le papier (verrière panoramique, armement de gros calibre dans l'axe ce qui n’était pas courant aux États-Unis). Pour permettre cela il avait fallu placer le moteur au milieu du fuselage, ce qui offrait un certain nombre d’avantages. Le moteur était facilement accessible et surtout la vue du pilote vers l’avant était très améliorée par le train tricycle et la faible longueur du capot avant, mais pour cela l’accès du pilote se faisait par une portière de style automobile, ce qui, en cas d’urgence, rendait le parachutage très délicat.
Une rangée de Bell P-39 du groupe de chasse I/9 Limousin.
Les deux premiers appareils portent l’insigne de la première escadrille. (Archives SLHADA)
À l'origine, le P-39 avait été étudié comme intercepteur mais, dans un souci de réduction de coût et de complexité de production, il fut décidé de monter un moteur équipé d’un simple compresseur mécanique à la place d’un turbocompresseur prévu à l’origine. Bien évidemment, les performances en altitude de l'Airacobra en souffrirent grandement et Bell dut faire des séries de tests pour résoudre ce problème, sans jamais trouver de solution acceptable. Le P-39 ne fut jamais très habile en altitude.
Alors que les Français et les Allemands avaient mis au point des moteurs pouvant utiliser un canon tirant dans l’axe de l’hélice, les Anglo-Saxons n’avaient pas cherché à développer ce type d’équipement. Pour cela, Bell, qui cherchait un moyen d’y parvenir, pensa à une solution qui pourrait résoudre ce manque. La transmission entre le moteur et l’hélice était réalisée par un long arbre passant entre les jambes du pilote mais, du fait de ce système et des portes latérales, le parachutage des pilotes était parfois aléatoire. Ainsi, l’avion ne fut jamais un chasseur de première ligne pouvant se mesurer aux autres chasseurs de l’époque, toutefois sa puissance de feu était très appréciée contre les bombardiers ou, à la fin de la guerre, pour l’attaque au sol. Les Russes l’utilisèrent avec succès contre les chars et, finalement, son champ d’utilisation fut dirigé principalement vers l’attaque au sol.
P-39 Q en révision, remarquez les gondoles d’armement sous les ailes.(Archives SLHADA)
Evidemment l’emplacement du moteur libérait de l’espace à l’avant de l’avion et ainsi cela permettait d’équiper l’appareil d’un train d'atterrissage tricycle moderne offrant une excellente visibilité au pilote en améliorant la sécurité lors des manœuvres de roulage au sol. La plupart des autres avions de chasse de l’époque avaient la vue avant totalement masquée lors des manœuvres au sol, ce qui posa toujours des problèmes aux appareils classiques. Cela permettait aussi de placer le centre de gravité au milieu de l'appareil, offrant ainsi une bonne maniabilité mais qui était malheureusement contrariée par une facilité à la mise en vrille.
Il fut rapidement établi par l’USAAF et la RAF que ces appareils ne pourraient pas servir de chasseurs et ils furent alors relégués à des tâches de second rang.
Quand il fallut fournir du matériel à l’URSS, les Américains qui avaient besoin des avions de première ligne fournirent une très importante quantité de P-39.
Après le débarquement en Sicile et l’armistice conclu avec les Italiens qui avaient déposé Mussolini, les forces aériennes Italiennes cobelligérantes furent elles aussi équipées de P-39.
Porte ouverte d’un P-39 laissant voir l’intérieur du poste de pilotage. (Archives SLHADA)
Utilisation par la France
En 1940, la France avait commandé un certain nombre de P-39 mais, en raison de la débâcle de juin 1940, ces appareils n’ont jamais été livrés.
Après le débarquement des Alliés en AFN il fallait aussi donner du matériel pour rééquiper les forces aériennes françaises et un certain nombre (90 exemplaires) de P-39 furent attribués à plusieurs groupes de chasse. Ces avions furent utilisés par plusieurs GC contre les forces de l’Axe en Tunisie puis en Italie, mais les Français n’appréciaient pas beaucoup ce chasseur.
P-39 du CIC se pose sur le terrain de Meknès, appareil à hélice quatre pales.(Photo Biancotti)
Dès la mi-1943, huit escadrons de chasse, le GC I/3 Corse, le GC I/4 Navarre, GC 1/5 Champagne, le I/9 Limousin, le GC II/6 Travail, le II/9 Auvergne, le GC 3/6 Roussillon et le GC III/3 Ardennes ont reçu et volé au combat sur la Méditerranée, l'Italie et le sud de la France avec ces P-39. Puis, après la fin de la guerre, dès mai 1945, la métropole qui avait de nombreuses unités équipées de matériel plus moderne relégua les P-39 à l’équipement de quelques unités de chasse basées en AFN, où ils servirent principalement à l’entrainement. Les survivants furent affectés à l’école de chasse, alors basée à Meknès et également aux autres écoles basées au Maroc, et ce jusqu’en 1951, date à laquelle les derniers P-39 furent retirés du service, les appareils restants furent ferraillés. Les P-39 ne semblent pas avoir été utilisés en Indochine.
© Jacques Moulin 2013.
Un appareil du GC I/9 Limousin en révision. (Archives SLHADA)
Caractéristiques des Bell P-39 Q
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Bell Aircraft Corporation
Équipage : 1
Missions : chasse
Date du premier vol : 6 avril 1938
Mise en service : 1941
Date de retrait par la France : 1951
Nombre construits : 9 584 unités (de 1940 à mai 1944)
Dimensions :
Envergure : 10,36 m
Longueur : 9,19 m
Hauteur : 3,61 m
Surface alaire : 19,79 m²
Charge alaire :
Masse :
Masse à vide : 2 478 kg
Masse avec arment : 3 402 kg
Masse totale en charge : 3 969 kg
Performances :
Vitesse maxi : 539 km/h
Vitesse de croisière :
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie :
Plafond : 9 784 m
Distance franchissable :
Altitude de croisière :
Rayon d’action : 1 111 km
Armement :
Interne : 2 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm (200 coups) (Capot moteur)
2 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm (300 coups) (Ailes)
1 canon de 37 mm (30 obus) (dans l’axe de l’hélice)
Communication radio :
Moteur :
Marque : Allison
Nombre : 1
Type : V-1710-85
Configuration : 12 cylindres en V à 60°
Refroidissement : liquide
Suralimentation : oui compresseur mécanique
Puissance normale au sol : 1 150 ch
Puissance à :
Puissance au décollage :
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice :
Alésage : 139,7 mm
Course : 152,4 mm
Cylindrée totale : 28 litres
Taux de compression :
Poids à sec : 633 kg
Hélice :
Marque : Aeropropeller
Type :
Nombre de pales : 3 ou 4
Diamètre :
Autres photos
P-39 Q serial 43003 avec l’insigne du I/9 Limousin 1èreescadrille. (Archives SLHADA)
Photo 11 - Détail du système de propulsion et du canon, de 37 mm d’un P-39.
Photo 12 - P-39 N, probablement à Meknès. (Photo Mennetret)
Photo 17 – P-39 “Airacobra” 43132 (P-39 Q-20-BE de la 1èreescadrille du GC 1/9 "Limousin".
(Archives SLHADA)
Photo 18 - P-39 serial 43872 de la 5èmeescadre,
avec l’insigne de la 1èreescadrille du GC I/5 en AFN. (DR)
Photo 20 - P-39 N serial 21839 d’une unité non identifiée. (DR)
Photo 21 - P-39 Q serial 24821 aux couleurs US sur le terrain de Marrakech en novembre 1942. (DR)
Photo 22 - P-39 Q serial 476555 du GC II-6 avec l’insigne de la 3èmeescadrille.
Remarquez les missions de bombardement représentées par des petites bombes
dessinées sous le cockpit, hélice à 4 pales. (DR)
Photo 23 - P-39 Q du GC II/6 Travail 4èmeescadrille à Tours en 1946 (insigne Jeanne d’Arc). (DR)