Les Curtiss P-40 F français
Profil offert gracieusement par l’auteur Jacques Davy
© Jacques Moulin 2013
Un P-40 F servant à l’école de chasse de Meknès à l’atterrissage (Photo Biancotti).
Dès 1939 la France avait commandé un certain nombre de Curtiss Hawk 81A-1 ou P-40, en complément des Curtiss H-75 (P-36). Ces appareils n’avaient pas encore été livrés lors de l’armistice de juin 40, les appareils fabriqués mais non encore livrés (aussi bien P-36 que P-40) furent cédés à la RAF (sous l’appellation Mohawk et Tomahawk).
En fait les P-40 étaient les cousins germains des H-75, les P-40 étant équipés d’un moteur en ligne et les P-36 d’un moteur en étoile.
Le 21 décembre 1942, les Américains mirent à disposition du GC II/5 à Casablanca une douzaine de P40. C'étaient les premiers qui allaient permettre de rééquiper ce groupe de chasse. Ces P-40 avaient des cocardes cernées de blanc "type Vichy" de très grandes dimensions. On ne sait pas si elles avaient été peintes par des mécanos américains ou par l'AIA de Casa. Le journal de marche du II/5 nous indique que le jour même, elles commencèrent à être repeintes par les mécanos du II/5 : "et dans l'après-midi, les mécaniciens commencent à rectifier les cocardes des P40, qui (…) n'ont pas les dimensions réglementaires."
Historique
Le Curtiss P-40 Warhawk fut le troisième avion de chasse des États-Unis construit pendant la guerre. Il était l’ultime développement de la série des chasseurs Curtiss Hawk. Il vola pour la première fois en 1938 et fut accepté malgré sa réputation d’appareil aux performances un peu limitées et surclassé par ses adversaires. Il semble plutôt, avec le recul, que ses pilotes eurent à combattre dans des conditions difficiles qui ne permirent pas à l'avion de briller comme certains modèles postérieurs. Malgré toutes ces restrictions le P-40 a eu une importance certaine dans les opérations du milieu de la Seconde Guerre mondiale. C’était à cause de l’absence de concurrence disponible.
En effet le P-39, son concurrent le plus direct, déçut cruellement les espoirs mis en lui, le P-47 Thunderbolt ne fut disponible que plus tard et en petit nombre pour commencer le combat en 1943 et ils durent être partagés entre les différents théâtres d’opération en Europe, en Méditerranée et dans le Pacifique. Le P-51 Mustang, quant à lui, ne fut pas disponible comme chasseur avant décembre 1943 (il l'était en petit nombre depuis le printemps pour la reconnaissance et l'appui en tant que F-6 et A-36). Tout cela fit que le P-40 resta donc par la force des choses jusqu'à l'automne 1943 le seul chasseur de l'aviation américaine valable et disponible en grand nombre (qui ne l'engagea jamais sur le front d'Europe du Nord, alors qu'elle fit un essai catastrophique avec le P-39).
Un P-40 F codé 18 du groupe de chasse La Fayette, l’insigne de la tête de séminole (et non pas de Sioux…) est visible sur le fuselage, la cocarde est presque effacée et découvre l’ancienne étoile US. (Archives Thierry Matra)
Bien que peu performant en altitude du fait de son moteur, il servit très honorablement pendant la plus grande partie du conflit grâce à son faible coût, sa grande facilité de maintenance et sa grande robustesse. Pour les Britanniques et les autres nations du Commonwealth, il fut connu successivement sous les appellations Tomahawk, puis Kittyhawk. Il reste célèbre pour avoir été l'avion des Tigres volants de la future 14th USAAF engagée en Chine et il fut aussi l'appareil de nombreux as de plusieurs pays.
Les derniers exemplaires à servir dans une force aérienne furent brésiliens, ils ne furent mis à la retraite qu'en 1958.
Une autre photo d'un appareil codé 18 du La Fayette également il est codé 18, mais ce n’est pas le même appareil. (Archives Thierry Matra)
Utilisation par la France
Le GC II/5 (futur La Fayette, basé à Médiouna près de Casablanca, au Maroc), et dont les H-75 avaient été détruits lors du débarquement anglo-saxon du 8 novembre 1942 (Opération Torch, en AFN), dans les combats aériens ou détruits au sol, fut rapidement rééquipé de P-40 F Warhawk dès le 25 novembre 1942 grâce à l'intervention d'un vétéran américain de 14-18 qui avait servi dans l'escadrille du même nom. Le nombre réduit de ces appareils et leur qualité les firent remplacer par des Republic P-47 dès avril 1944. Jusqu’à son remplacement par les P-47, il semble que le nombre d’appareils reçus fut d’environ vingt-cinq P-40 F et par la suite de quatre-vingt-huit P-40 L. Donc 25 P-40 F (fuselage allongé) ont été remis le 25 novembre 1942 aux FAFL pour rééquiper le GC II/5, qui devient officiellement escadrille La Fayette le 24 décembre et rejoint la zone des combats en Tunisie le 9 janvier 1943. De retour au Maroc il touche 36 P-40 L et 4 P-40 F avant de remonter en ligne en mai 1943 (sources diverses et variées).
Belle rangée des 25 P-40 F (fuselage allongé) qui ont été remis le 25 novembre 1942 aux FAFL pour rééquiper le GC II/5, qui devient officiellement escadrille La Fayette le 24 décembre et rejoint la zone des combats en Tunisie le 9 janvier 1943. (Photo archives Library of Congess US)
Le transfert officiel de douze Curtiss P-40 F Warhawk de l'USAAF au groupe de chasse II-5 fut attesté le 9 janvier 1943 à Casablanca. Le GC II/5 combattit avec ces appareils en Tunisie, puis après remplacement des P-40 par des P-47 suivit les combats en Italie puis en France.
Début novembre 1942, les Américains ont envahi et libéré le Maroc, un des premiers P-40 se pose sur le terrain de Marrakech, les aviateurs français sont intéressés.
Les avions équipant les escadrilles françaises étaient tous munis de moteurs Packard (moteur Merlin) ce sont des types F et L et ils sont reconnaissables par la disparition sur ces version de la prise d’air sur le dessus du capot moteur
Par la suite les appareils survivants furent affectés à des unités écoles de chasse, notamment à Meknès.
Les versions P-40 F et P-40 L, qui ont équipé l’aviation française, étaient la version avec moteur Packard V-1650, ce dernier est en fait le Rolls-Royce Merlin 28 monté à la place du moteur Allison, et ces versions n’ont pas de prise d’air pour le carburateur sur le dessus du nez, la prise d'air est déplacée vers l'intérieur de la grosse prise d'air du dessous du capot moteur. Les performances de ces modèles à des altitudes plus élevées étaient meilleures que leurs cousins à moteur Allison. Ils furent modifiés avec un fuselage allongé pour compenser le couple plus élevé du moteur. Ces versions disposent d'attaches ventrales permettant l'emport de bidons supplémentaires, voire de bombes de 227 kg ou 405 kg.
Un P-40 F (114.255) est posé sur le terrain de Marrakech en novembre 1942, remarquez le drapeau US peint sur le fuselage devant l’étoile, ces marques étaient faites pour permettre aux aviateurs français de distinguer les avions américains des avions britanniques lors du débarquement.
Différents types de P-40 F (Curtiss model 87D)
P-40 F (désignation usine : Curtiss Hawk Model 87D), version avec un moteur Packard V-1650-1 (Rolls-Royce Merlin produit sous licence), et est reconnaissable à son absence de prise d'air de carburateur sur le capot, 1 311 exemplaires construits à partir de décembre 1941.
P-40 F-5-CU fuselage rallongé
P-40 F-10-CU commande de volets de radiateur manuelle.
P-40 F-15-CU équipé pour les conditions hivernales.
P-40 F-20-CU nouveau système d'oxygène pour le pilote.
Entretien en AFN d’un P-40 US.
Les mitrailleuses de .50 (12,7 mm) sont démontées et en cours de nettoyage.
Caractéristiques des Curtiss P-40 F
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Curtiss (Modèle 87 D)
Équipage : 1
Missions : chasse
Date du premier vol :
Constructions : metallique
Dimensions :
Envergure : 11,38 m
Longueur : 9,66 m/10,16 m (fuselage allongé)
Hauteur : 3,76 m
Surface alaire : 21,92 m²
Charge alaire :
Masse :
Masse à vide : 2 941 kg
Charge utile :
Masse totale en charge : 4 000 kg
Performances :
Vitesse maxi : 580 km/h
Vitesse de croisière : 425 km/h
Vitesse ascensionnelle : 11 m/s
Autonomie : 965 km (2400 km avec réservoirs supplémentaires)
Plafond : 10 000 m
Distance franchissable :
Altitude de croisière :
Rayon d’action :
Armement :
Fixe : 6 mitrailleuses .50 (12,7 mm)
Externe :
Communication radio :
Moteur
Marque : Packard (Rolls-Royce Merlin produit sous licence)
Type : V-1650-1
Configuration : V 12 à 60°
Refroidissement : liquide
Suralimentation : oui
Puissance normale au sol :
Puissance à 3 740 m : 1 565 ch
Puissance à 7 170 m : 1 390 ch
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice :
Alésage : 137,2 mm
Course : 152,4 mm
Cylindré totale : 27 litres
Taux de compression : 6 :1
Poids à sec : 754 kg
P-40 F du La Fayette codé 11.
Méknès 1946 un P-40 devant une ligné de Dauntless (OriginePatrick Perrin)
© Jacques Moulin 2012
D’autres renseignements sur les P-40 du La Fayette ici :
http://maquette72.free.fr/themes/lafayette/P40_normal/P40_avions.php