Le Fieseler Fi 156 « Storch » ou Morane-Saulnier MS 500 « Criquet » |
© Jacques Moulin 2009.
Historique sommaire
Le Fieseler Fi 156 était un avion militaire allemand de reconnaissance de la Seconde Guerre mondiale, dessiné et fabriqué par la firme Fieseler (Fieseler était un aviateur de meeting célèbre à son époque).
C'est en 1935 qu'il conçut cet appareil, muni de nombreux perfectionnements permettant les décollages et les atterrissages très courts.
Il fut surnommé "Storch" (cigogne en allemand) par ses utilisateurs d'outre-Rhin à cause de son train d'atterrissage haut sur pattes.
C'est un avion à décollage et atterrissage courts (STOL), ce qui permettait de le faire décoller et de le poser presque n'importe où.
Caractéristiques techniques
En effet, il avait besoin de moins de 70 m pour décoller et de moins de 25 m pour atterrir, cela grâce à des ailerons de bord d'attaque et de volets à fentes.
Ses capacités particulières étaient, en plus de son décollage et atterrissage courts, une vitesse de décrochage basse (50 km/h) et sa grande manœuvrabilité.
Sa large surface vitrée lui permettait de servir d'excellent observateur.
Il est l'équivalent du Piper américain, en bien mieux (mais très probablement plus cher). Il excella dans les missions d'observation, de transport de personnalités ou de matériel, d'ambulance volante, etc.
De 1935 à 1945, la Luftwaffe a utilisé environ 2 900 Fieseler Fi 156.
Durant la Seconde Guerre mondiale le Fieseler "Storch " fut produit par les usines Morane-Saulnier pour alléger le travail des usines allemandes... L'usine étant toujours opérationnelle lors de la Libération, Morane-Saulnier continua la production pour l'armée française. Les premiers appareils furent livrés à l'armée de la France libérée dès le début septembre 1944, équipés de moteurs différents suivant les versions : Argus d'origine. Argus fabriqué "sous licence" par Salmson et Renault, puis après abandon d’une version équipée d’un moteur Renault en ligne (MS 501) puis avec des moteurs Salmson en étoile (MS 502) et plus tard de moteurs américains Jacobs également en étoile (MS 505).
Une très rare photo du prototype du Morane-Saulnier MS 501 équipé d'un moteur Renault.
Ce prototype ne fut pas suivi. Remarquez le tuyau d'échappement prolongé vers l'arrière du fuselage (Photo collection SLHADA).
En 1945 le Storch fut modernisé et produit par Morane pour l'armée de l'Air française avec l'appellation Morane 500 "Criquet". C’était un appareil extérieurement identique aux premiers Morane-Saulnier 500 mais, après les premiers appareils construits au standard allemand et suite aux divers problèmes soulevés par la construction en bois de la voilure, principalement lors de son utilisation en Indochine, une voilure métallique est venue à une date qui ne nous est pas connue remplacer l'ancienne en bois et toile. Cette modification alourdit évidemment le MS 500 qui, ainsi équipé, était moins à l'aise en basse vitesse. La vitesse minimum passait en effet de 40 km/h à 60 km/h.
Ultérieurement le moteur en V inversé "Argus" d'origine fut remplacé par des moteurs en étoile français de type Salmson ou américains de divers types.
Sa dénomination devint alors Morane 502 ou 505 suivant la motorisation.
Il semble toutefois que les MS 500 et 502 furent pendant un temps fabriqués conjointement, et le MS 505 fut une modification ultérieure des Morane-Saulnier MS 502.
Le Criquet fut largement utilisé par l'Armée de l'Air dès la Libération et même avant la fin de la guerre sur les fronts secondaires (poches de l'Atlantique, front des Alpes) puis lors des guerres d'Indochine et d'Algérie où il fut également utilisé par l'ALAT et aussi par la Marine.
Pour ce qui est de l'Armée de l'Air, il y a eu cinq escadrilles (EALA 71 à 74 et le CUM, puis les EALA 1/70 à 5/70) à être équipées de ces appareils, de la mi-56 jusqu'au début 1958. A cette date il fut remplacé par divers types d'appareils dont les Morane-Saulnier 733, et dans l'ALAT par divers avions d'observation : Nord 3400 "Norbarbe", NC 856 "Norvigie", Piper L-18 et L-21, Cessna L-19... Il quitta le service actif dans les années 70 où il finit sa carrière comme avion remorqueur de planeurs.
En 1955 en Algérie, les MS 500 faisaient partie (entre autres) de l'escadrille EALA 071 basée à Télergma, avec deux détachements, un à Batna et un à Tébessa (12 avions au total), du 7 juillet 1955 au 1er avril 1956, date où l'escadrille partit pour Reghaia (Alger) pour devenir EALA 5/70 avec les Morane Saulnier 733. Fin mai ou début juin, l'escadrille s'installa à Guelma avec un détachement à Bône.
Une photo intéressante qui présente trois types d'avions d'origine allemande construits par les Français et présents en AFN : De gauche à droite: le NC "Martinet" (Siebel), le Nord 1000 (Bf 108), et le MS 500 (Fieseler Storch) .
(Photo prise peut-être en Indochine) (Archives Thierry Matra).
Armement en Algérie
La plupart des appareils de la Luftwaffe étaient équipés d'une mitrailleuse MG 15 tirant vers l'arrière, située en position supérieure.
Ce système ne fut toutefois pas utilisé par les Français, les avions étant au départ livrés non armés, mais en Algérie il fut envisagé de les équiper de mitrailleuses tirant vers le sol.
Il y avait un stock important de mitrailleuses du type standard déjà en 1939, des MAC 34, mitrailleuses pour l'aviation et alimentées par des "camemberts" de 100 cartouches de 7,5 mm.
Ces armes existaient en deux types:
- Un type dit "Aile", monté fixe dans les ailes.
- Et le type "Tourelle", qui était prévu pour le tir à partir de tourelles mobiles.
Ce fut ce type qui fut choisi. Elles furent montées sur le côté gauche à la place d'une des vitres arrière. Il semble que ces armes furent souvent montées et assez souvent utilisées.
Les documents officiels incluent l'armement dans le descriptif des MS 500 et donne quelques statistiques d'utilisation :
* EALA 2/70 (...) Armement - 1 mitrailleuse MAC T 34 de 7,5 m/m (tir par sabord arrière) avec 3 chargeurs ronds de 100 cartouches.
* EALA 3/70 (juillet 1957} période du 01/07/1955 au 31/12/1956 (...) armés de mitrailleuses MAC modèle 34 T montées sur "support AB" (cartouches de 7,5 mm dans chargeurs "camembert" de 100). Au cours de ces missions opérationnelles, l'escadrille a consommé : 5 400 cartouches de 7,5 mm ordinaires (...)
* EALA 3/70 (juillet 1957) "(...} - armement : pas d'armement de bord employé, sauf sur ordre du commandant
Un "Storch " suite à un accident d'escadrille (mitrailleuse MAC 34T) (...)".
* EALA 4/70 période du 01/07/1957 au 31/12/1957 "pas d'armement utilisé".
Il existe par ailleurs, la preuve par la photo qu'un MS 502 aurait aussi été équipé avec cet armement, mais il ne semble pas qu'il ait été utilisé en Algérie.
Vue de l'extérieur de la mitrailleuse MAC 34 T avec son chargeur type "camembert" en place
(Photo Maurines).
Le même montage vue de l'intérieur de l’avion, mais là le chargeur n'est pas en place sur l'axe.
Remarquez le système de visé très simplifié : un œilleton rond et une mire formée d'une simple petite bille sur une tige.
L'arme était montée sur un support en tube ajouté à la structure intérieure de l'avion (elle-même en tube)
(Photo origine Michel Bénichou "Fana de l'Aviation").
A noter aussi que durant la Seconde Guerre mondiale, en 1943 et 1944, quelque 130 "Storch" furent aussi produits par Mraz en Tchécoslovaquie. Après la défaite allemande la production continua également dans ce pays, sous la dénomination de K-65 "Cap".
Un MS 500 posé un peu brutalement à Télergma.(Photo Maurines).
Un beau MS 500 (Archives Thierry Matra )
Le personnel de EALA 71 devant un MS 500 à Télergma en 1955 (Photo Maurines).
Caractéristiques MS 500 Criquet 0
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Fieseler >> Morane-Saulnier
Équipage : 2
Missions : liaison et reconnaissance
Date du premier vol : 1936
Constructions : Bois et métal puis tous métal
Dimensions
Envergure : 14,25 m
Longueur : 9,87 m
Hauteur : 3,06 m
Surface alaire : 26 m²
Charge allaire : 48,50 kg/m²
Masse
Masse à vide : 860 kg
Masse normale au décollage : 1300 kg
Masse totale en charge : 1470 kg
Performances :
Vitesse maxi : 175 km/h
Vitesse de croisière :
Vitesse ascensionnelle : 4,8 m/s
Autonomie :
Plafond théorique : 5000 m
Distance franchissable :
Altitude de croisière :
Rayon d’action : 400 km
Armement :
Montage en option en sabord : 1 mitrailleuse Externe type MAC 34 (calibre 7,5 mm) :
Communication radio :
Moteur
Marque : Argus >> Salmson Argus (MS 500)
Nombre : 1
Type : AS-10 C3 >> AS 10 R
Configuration : 8 cylindres à 90° en V inversé.
Refroidissement : air
Suralimentation :
Puissance normale au sol : 240 ch
Puissance en monté : 220 ch.
Puissance au décollage :
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice :
Alésage : 120 mm
Course : 140 mm
Cylindré totale : 12,664 litres
Taux de compression :
Hélice
Marque :
Type : 2
Nombre de pales :
Diamètre :
Un Morane-Saulnier MS 505 à moteur "Jacob" utilisé par la Marine.
Ces appareils étaient principalement modifiés avec ce moteur pour remorquer les planeurs.
Profil mis à notre disposition gracieusement par Patrick Marchand.
http://profiles-galore.over-blog.com/article-26172483-6.html#anchorComment
Morane-Saulnier 500 n° 2059 de l'Aéronautique Navale en Algérie avril 1957.
Nous pouvons remarquer que cet appareil est équipé de la tourelle qui équipait les avions allemands et qui permettait une défense supérieure arrière, mais sans sa mitrailleuse ( cet appareil faisait partie de la petite quantié d'appareils utilisés par les allemands et recupérés par la france et numéroté à partir de 2001) (Archives Marcel Fluet-Lecerf).
Type de Morane Saulnier MS 500 suivant la numérisation.
(Liste peut-être seulement envisagée).
Numero Type avec moteur
1 à 57 MS.500 ou Criquet 0 moteur Argus A.S. 10.
58 à 62 MS 500 ou Criquet 0 Sanitaire moteur Argus A.S. 10.
63 à 85 MS 500 ou Criquet 0 moteur Argus A.S. 10.
86 à 90 ??? Probablement MS 500
91 à 145 MS 500 ou Criquet 0 moteur Argus A.S. 10.
146 à 325 MS 502 ou Criquet II moteur Salmson 9.ABb.
326 à 487 MS 500 ou Criquet 0 moteur Argus A.S. 10.
488 à 567 MS 502 ou Criquet II moteur Salmson 9.ABb.
568 à 587 ??? Probablement MS 502
588 à 589 MS 502 ou Criquet IIB moteur Salmson 9.ABC.
590 à 664 MS 502 ou Criquet IIA moteur Salmson 9.ABb.
665 à 737 MS 502 ou Criquet IIB moteur Salmson 9.ABC.
738 à 850 MS 500 ou Criquet 0 moteur Argus A.S. 10.
1001 à 1075 MS 500 ou Criquet 0 Sanitaire moteur Argus A.S. 10.
2001 à 206x Fieseler Storch de récupération moteur Argus A.S. 10. (Une soixantaine).
NB : on peut en déduire que les 145 premiers ont été construit avec des moteurs Argus disponible, puis avec les moteur Salmson type 9 ABC jusqu’à ce que la Société Salmson mette au point la version française des Argus.
Type en fonction des moteurs utilisés
MS 500 Moteur Argus AS 10C de 240 ch.
MS 501 Moteur Renault 6 Q 233 ch.
MS 502 Moteur Salmson 9AB 230 ch.
MS 503 ?? Possible projet avec moteur Astazou (Turboréacteur), mais c’est douteux.
MS 504 proto avec moteur Jacobs R755 de 304 ch.
MS 505 modification de 500 et 502 remotorisé avec Moteur Jacobs R 755 de 304 ch.
MS 506 Moteur Lycoming 235 ch.
Documents extraits de la notice :
1 – Manette des gaz*
2 – Correcteur*
3 – Manivelle de commande des volets d'intrados.
4 – Volant de réglage de plan fixe.
5 – Tableau de contrôle réseau électrique.
6 – Interrupteur général (A.9).
7 – Rhéostat de lampe de bord (C.3).
8 – Interrupteur.
9 – Compas.
10 – Lampe de compas (C.2).
11 – Lampe de tableau de bord (C.l).
12 – Indicateur de virage.
13 – Variomètre.
14 – Interrupteur de lampe de compas (C.4).
15 – Témoin de démarreur (B.12).
16 – Poignée de pompe d'injection d'essence.
18 – Altimètre.
19 – Manomètre double pression essence et huile.
20 – Thermomètre d'huile.
21 – Bouton de sélection des pompes d'essence.
22 – Bouton de sélection des réservoirs d'essence.
23 — Boîte à cartes.
24 — Contact (B.5).
25 — Bouton poussoir de démarreur B.7.
26 — Bidon pour injection d'essence.
27 — Témoin de réchauffage d'antenne D.4.
28 — Compte-tours.
29 — Anémomètre.
30 — Volet de mauvaise visibilité.
31 — Interrupteur de thermomètre d'huile (M.1)
32 — Voltmètre.
33 — Ampèremètre.
34 — Interrupteur du circuit d'excitation de génératrice (C.19).
35 — Boîte à bornes.
36 — Montre.
Légende Figure 22 C « Criquet 0 » (MS 500) Double commandes
1 – Manette des gaz au poste arrière.
2 – Commande de réglage de plan fixe.
3 – Palonnier arrière.
4 – Commande à main au poste arrière.
5 – Boîte à relais.
6 – Boîte à bornes.
7 – Interrupteur de batterie.
8 – Régulateur.
9 – Palonnier avant.
10 – Commande à main au poste avant.
11 – Caches pour planche de bord.
12 – Compte-tours.
13 – Anémomètre.
Plan trois-vues du Morane-Saulnier
MS 500 dit "Criquet 0"
Plan trois-vues du Morane-Saulnier
MS 502 dit "Criquet II"
©Jacques Moulin 2010.
Remerciements à Gilbert Neel et divers correspondants d’aéroforum
ainsi que René Maurines
Quelques autres photos de MS 500/502/505
Un Morane Saulnier MS 502 (photo origien Machin)
Morane Saulnier MS 505 ( Moteur Jacobs) remorqueur de planeurs à Fayence (photo archives Cortet)
Un Morane Saulnier MS 500 de la Prefecture de Poloce de Paris.
(Archives Jacques Moulin)
Un MS 500 du GAOA 22 (Archives Jacques Moulin)
Article publié dans l'Ancien d'Algérie N° 483 de janvier 2010.