Grumman F8F « Bearcat » français |
© Jacques Moulin 2011.
Profil offert gracieusement par son auteur Jacques Davy
Le Bearcat était le descendant direct des fameux Hellcat. En effet, durant l'été 1943 une équipe d'ingénieurs de Grumman commença, à la demande des autorités américaines, l’étude du remplacement du Hellcat. Ce fut le projet baptisé G58 qui utiliserait le même moteur que son prédécesseur, le très bon Pratt & Whitney R-2800 double Wasp. L’appareil était très allégé et son armement était diminué par rapport à son prédécesseur. En effet pour qu’il soit plus performant il avait une cellule allégée pour gagner en maniabilité et en vitesse ascensionnelle.
Cinq « Bearcat » du GC 1/21 Artois partent en opération avec leur chargement de bombes.
Codés « U » « M » « N » « A » le cinquième n’est pas identifiable.
Sa fonction prévue était un intercepteur léger embarqué sur porte-avions léger d’escorte
Les ingénieurs de Grumman étudièrent donc la cellule la plus légère possible pouvant accepter le poids important du moteur double Wasp R-2800 W. Les Américains avaient toujours en tête les performances des Zéro japonais qui étaient légers et bien motorisés et qui furent la surprise du début de la guerre du Pacifique. Il était donc important que le nouvel appareil batte les Japonais sur leur propre terrain, la maniabilité, même en sacrifiant les points forts habituels des Hellcat : armement et protection.
Deux prototypes furent commandés le 27 novembre 1943 baptisés XF8F-1. Le premier vol eut lieu le 31 août 1944 seulement neuf mois après la commande. Les essais se déroulèrent à merveille même s’il fallut modifier la dérive pour résoudre une certaine instabilité en vol notamment en lacet.
Grumman F8-F1B « Bearcat » codé « I » du GC 1/22 Saintonge avec roquette, bombe et réservoir supplémentaire en 1954/55. (Archives Thierry Matra)
Les F8-F1 « Bearcat » arrivèrent trop tard pour participer aux combats de la Deuxième Guerre mondiale, mais ils furent toutefois embarqués sur les porte-avions US.
Ces avions, particulièrement bien étudiés, sont considérés comme les meilleurs chasseurs à moteur à pistons de tous les temps, même s’ils n’ont jamais été au combat côté américain.
F8-F1B « Bearcat » codé « B » du GC 1/9 Limousin Bu Ae 95472 posé sur le nez
à Bach-Mai en 1952. (Archives Thierry Matra)
Utilisation par la France
Les premiers Bearcat (44 ex.) sont arrivés à Saïgon le 07/02/1951 à bord du porte-avions "Windham Bay". La deuxième livraison (46 ex.) eut lieu le 25/03/1951 par le porte-avions "Sitkoh Bay". Le tout rejoignit le Parc 482 de Bien Hoa pour déstockage. D'autres livraisons à l'Armée de l'Air furent effectuées en 1952 et 1953 portant le total à 209 exemplaires, il s’agissait de F8F1/F8F1B. Les appareils étaient soit équipés de mitrailleuses soit de canons, ce qui explique les deux appellations, la version « B » correspondant à la version canon. Ces armes étaient facilement reconnaissables car si les mitrailleuses étaient entièrement noyées dans les ailes, les canons dépassaient du bord d’attaque.
F8-F1B « Bearcat » codé « E » du GC 1/9 Limousin Bu Ae 95015 Limousin avec un paquetage de bombes.(Archives Thierry Matra)
Le principal reproche fait aux Bearcat était leur relative faible autonomie, pour cela les appareils destinés à la France furent modifiés pour que les pylônes d’armement puissent aussi recevoir des réservoirs supplémentaires largables, les versions livrées avaient une désignation US F8-F1D et F8-F1BD.
F8-F1B « Bearcat » codé «R » du GC 1/22 Saintonge Bu Ae 95128 ( appareil identique à photo16 en bas ) (Archives Thierry Matra)
Unités françaises équipées de Bearcat :
De nombreuses unités ont été équipées avec ces appareils, mais seulement pendant peu de temps et uniquement pour les combats en Indochine parfois les numérotations ont changé :
1/6 Corse, de juin 1951 à septembre 1951
3/6 Roussillon, de mars 1951 à février 1952
1/8 >>1/22 Saintonge, de septembre 1951 au 1erfévrier 1956.
2/8 >>2/22 Languedoc, de février 1952 au 1ermars 1955
1/9 Limousin, de mars 1951 à juin 1952
2/9 >>2/21 Auvergne, de décembre 1952 au 1erseptembre 1955
1/21 Artois, de juin 1952 au 1 février 1956
2/19 Armagnac, du 22 septembre 1953 au 23 septembre 1954
EROM 80, de mai 1951 au 1erseptembre 1955
CTC (centre de transformation à la chasse) de février 1956 au 3 juillet 1956 (transformation des pilotes vietnamiens).
Les derniers Bearcat furent soit rendus aux USA soit livrés au Viêt-Nam ou à la Thaïlande fin juillet 1956.
Le F8F1 B code “Q” du 1/21 Artois à “embrassé “ le C-47 23 710 code “U” du GT Franche-Comté en fin d’atterrissage (Archives Thierry Matra)
Pendant les combats d’Indochine les Bearcat furent utilisés comme appareils d’appui et ils donnèrent entière satisfaction pour cet usage. De nombreux accidents furent déplorés, beaucoup au décollage ou à l’atterrissage, souvent sans trop de gravité pour le pilote, ce qui ne fut pas le cas pour les accidents au combat où de nombreux pilotes trouvèrent la mort..
© Jacques Moulin 2011.
Pour écrire cet article nous avons utilisé :
« L’aviation française en Indochine 1943-1954 » (tomes 1 et 2) (1996) par Jean-Claude Soumille (Association Airdoc).
« Les chasseurs Grumman de l’Armée de l’Air » (1997) ouvrage très complet par Bernard Chenel (Editions Avions / Lela Presse).
Ces ouvrages ne traitent que de la période de la guerre d’Indochine.
Grumman F8-F1B codé « R » du GC 1/21 Artois en 1952 Bu Ae 55406 (5406), avec bidon napalm.
Variantes des Bearcat F8F-1 fabriquées :
X-F8F-1 – 2 prototypes, deux exemplaires.
F8F-1 - Version de série à moteur R-2800 - 34W, appareils équipés de 4 mitrailleuses de 12,7 mm.
F8F-1B - Variante armée de quatre canons de 20 mm.
F8F-1D - Modification des F8F-1 pour essais d’engins télécommandés.
F8F-1D - Cette désignation fut aussi utilisée pour les appareils pouvant être équipés de 3 réservoirs supplémentaires pour la France.
F8F-1DB – Variante du F8 F-1B avec réservoirs supplémentaires pour la France.
F8F-1N – Transformation pour la chasse de nuit.
F8F-1/2D - Version radiocommandée du Bearcat.
Bearcat codé « X » Bu Ae 12 1464 du GC 3/6 basé à Cat Bi, accidenté à Haiphong en 1951.
Caractéristiques des F8F-1D et F8F-1 BD.
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Grumman
Équipage : 1
Missions : chasse et appui
Date du premier vol : 31 août 1944
Constructions : métal
Dimensions
Envergure : 10,92 m
Longueur : 8,61 m
Hauteur : 4,21 m
Surface alaire : 22,67 m²
Charge allaire : 192,1kg/m²
Masse
Masse à vide : 3.580 kg
Charge utile :
Masse totale en charge : 5.780 kg
Performances :
Vitesse maxi : 680 km/h à 4.600 m
Vitesse de croisière : 402 km/h
Vitesse ascensionnelle : 16,40 m/s
Autonomie :
Plafond pratique : 12.000m
Plafond maxi : 15.600 m
Distance franchissable : 2.280 km (avec réservoirs supplémentaires)
Rayon d’action :
Armement :
F8-F1 F8-F1B
Fixe : 4 mitrailleuses de 12,7 mm 4 canons de 20 mm type M3
Externe : 2 x 460 kg 2 x 460 kg
4 roquettes de 127 mm 4 roquettes de 127 mm
Communication radio :
Moteur
Marque : Pratt & Whitney
Nombre : 1
Type : R-2800-34W
Configuration : 18 cylindres en double étoile
Refroidissement : air
Suralimentation : compresseur centrifuge
Puissance normale au sol : 2.100 ch
Puissance maxi : 2.750 ch
Puissance au décollage : 2.100 ch
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice :
Alésage : 146,05 mm
Course : 152,40 mm
Cylindré totale : 46 litres
Taux de compression :
Poids à sec : 1073 kg
Longueur :
Diamètre : 1,342 m
Carburant : 100/130 octane
Hélice
Marque : Aeroproduct
Type :
Nombre de pales : 4
Diamètre :
Autres photos :
9 - Belle Photo d’un Grumman F8-F1B codé M..
10 - Grumman F8-F1B Bearcat « O » du GC 1/21 Artois Bu Ae 95349 accidenté à Cat Maï en 1952. L’appareil sera remis en état.
16 - Grumman F8-F1B codé « R » Bu Ae 95128 du GC 1/22 Saintonge accidenté à Bach Mai en 1954.
19 - Grumman F8-F1B codé « X » du GC 2/22 Languedoc Bu Ae 122145 accident du 31 mai 1954.
21 - Grumman F8-F1 codé « Z » du GC 2/22 Languedoc Bu Ae 94795 en 1952/53.
22 - Deux Grumman F8-F1 codés « D » et « B » Bu Ae 94783 et 94786 du GC 2/21 Auvergne en vol en 1953/54.
23 - Grumman F8-F1 codé « B » du GC 2/21 Auvergne Bu Ae 95262.
24 - Grumman F8-F1 codé « F » Bu Ae 94913 accidenté à Cap Saint-Jacques. L’appareil passe sur le dos à l‘atterrissage le pilote le capitaine Robin est sauf.
27 - Grumman F8-F1 non codé du GC 2/8 Languedoc
30 - Déchargement de Bearcat par un porte-avions US à Saïgon. (ECPA)
32 - Attaque avec des « bidons spéciaux » (en fait du napalm) d’une position Viêt-Cong
par des Bearcat de l’Artois. (ECPA).
35 - « Bearcat » du GC 1/22 « Saintonge » avec bidon de napalm.
36 - Grumman F8-F1BR de l’ERON 80 équipé d’un bidon reconnaissance.