Le Bombardement |
(C) Jacques Moulin 2010
Les Bombes
GENERALITES
Au début de la guerre de 1914-1918, on larguait des bombes de petit calibre et de forme primitive par-dessus le bord de l'avion, sans aucune précision. On se rendit rapidement compte des possibilités de l'avion de bombardement dès qu'il put emporter des bombes de plus de 50 kilos et que la précision du tir augmenta par l'emport de lances-bombes
Les premiers essais montrèrent qu'un lance-bombes devait réunir les qualités suivantes:
1° Être suffisamment solide pour supporter la bombe, sans toutefois dépasser lui-même un certain poids.
2° Permettre la fixation ferme de la bombe pour l'empêcher de ballotter.
3° Permettre le largage instantané de la bombe au gré du bombardier.
Lorsqu'une bombe est emportée dans un avion, elle est munie de dispositifs de sécurité. L'un de ces dispositifs doit être retiré si l'on veut que la bombe tombe active. D'autre part, il ne faut pas oublier que les bombes doivent rester inertes si l'avion doit faire un atterrissage forcé et qu'il est parfois nécessaire de larguer les bombes inertes : dans ces deux cas les dispositifs de sécurité doivent rester en place sur les bombes. Du moment que le bombardier doit pouvoir contrôler le largage actif ou inerte des bombes, il lui faut un dispositif de commande à distance de l'amorçage. Il nous faut donc :
4° Posséder un dispositif de commande de l'amorçage.
1. - FIXATION DE LA BOMBE DANS L'AVION
Les lance-bombes, construits en métal léger et solide, sont fixés au fuselage ou sous les ailes. La bombe doit être rattachée au lance-bombes par une des deux méthodes ci-dessous, suivant le type auquel elle appartient : ou bien le lance-bombes présente un crochet et la bombe un anneau d'accrochage, ou bien un câble ceinturant la bombe permet de la maintenir. Dans les deux cas il faut que le point de suspension ou le support soit aussi voisin que possible du centre de gravité de la bombe.
2. - MAINTIEN DE LA BOMBE EN POSITION
Deux cas
* La bombe est suspendue à un crochet.
* La bombe est tenue par un câble.
Lorsqu'une bombe est suspendue à un crochet du lance-bombes, des tiges spéciales, par exemple des tiges filetées à sabot à rotule la poussent vers le bas à sa partie avant et à sa partie arrière. Il est clair que si la bombe est suspendue par son centre de gravité elle n'exercera pas de poussée anormale sur les tiges avant ou arrière.
Lorsque la bombe est tenue par un câble, ce ne sont plus les tiges que l'on forcera contre la bombe, mais inversement la bombe que l'on forcera contre les tiges à sabot à rotule. L'une des extrémités du câble de fixation possède un fer en T qui s'engage dans le crochet du lance-bombes; l'autre extrémité possède un pas de vis qui s'engage dans un tendeur. En faisant tourner la poignée du tendeur on tend le câble et en poussant la bombe vers le haut on l'affermit contre les tiges. Les sabots à rotule sont construits en métal rugueux.
3. - LARGAGE DE BOMBE
Quel que soit le mode de fixation, le largage a lieu lorsque le crochet bascule. C'est le poids de la bombe qui provoque cette rotation; pour empêcher tout largage prématuré, le crochet est bloqué par un levier qui est commandé par un dispositif électromagnétique. Un relais est interposé entre le levier et le dispositif électromagnétique de largage.
4. - AMORÇAGE DE LA BOMBE
Nous avons vu que la bombe était munie de dispositifs de sécurité commandés par le bombardier, ce qui lui permet de larguer la bombe inerte ou active.
L'autre extrémité du fil de sécurité est attachée aux dispositifs de sécurité des fusées de la bombe; les dispositifs de sécurité sont donc attachés lorsque la bombe tombe, à condition que l'on ait placé les commutateurs d'amorçage sur la position «Active» (Live).
Le fil de sécurité a une longueur réglable et le dispositif d'amorçage a une position variable sur le lance-bombes; puisque certaines bombes peuvent posséder des fusées d'ogive ou de culot, ou des fusées d'ogive et de culot, il est donc indispensable que les lance-bombes comportent des dispositifs d'amorçage d'ogive et des dispositifs d'amorçage de culot.
Les dispositifs d'amorçage sont commandés par deux interrupteurs placés sur le tableau du bombardier.
L'un des interrupteurs commande tous les dispositifs d'ogive, l'autre commande l'ensemble des dispositifs de culot.
Donc à cette époque l’Armée de l’Air utilisait de nombreux types de lance-bombes. Leurs constructions variaient avec le type, l’origine, la taille et le poids de la bombe emportée et, dans une mesure moindre, avec le type de l'avion.
Les bombardements en Algérie
Les bombardements en Algérie furent réalisés par divers appareils, pour les bombes lourdes (plus de 50 kg) elles ne furent utilisées que par des avions spécifiques. Il semble se confirmer que les appareils d’entraînement modifiés pour la lutte antiguérilla dont les T-6 G, les Vanneau, les SIPA etc… aient été équipés de lance-bombes légers permettant l’emport uniquement de bombes françaises de 50 kg de type 50 D.T.2.
Bombe française 50 D.T.2 de 50 kg.
Par contre les appareils d’origine américaine notamment : B-26, P-47, Corsair, Skyraider, PB4Y-2S « Privateer » pouvaient bombarder avec des bombes souvent d’origine américaine pouvant aller jusqu'à 500 kg ou plus, leur utilisation étant prévue lors de leur conception.
Les « Vampire » eux étaient munis de lance-bombes type EM.EF N°1 MKI et pouvaient lancer diverses bombes d’origine anglaise.
Quant aux F 84 ils étaient munis de lance-bombes spéciaux type S2, ou pylônes universels, mais il ne semble pas qu’ils aient été utilisés pour cet usage en AFN.
Bombardement avec avions légers
Des lance-bombes pour bombes légères furent souvent montés sous des avions très divers, notamment les Ju 52, NC 701, T.6G, SIPA ou Dassault 315. Sur ces appareils les systèmes fixes sous les ailes étaient désignés lance-bombes « Schloss 50 » modifié Alkan.
"Schloss" ne serait pas vraiment une marque, mais une désignation, et peut tout simplement se traduire par "lance-bombes" (dérivé d'une des significations du mot en allemand : serrure-verrou). "Schloss 50" désigne un lance-bombes pour des bombes jusqu'à 50 kg. On pouvait trouver ce lance-bombes sur énormément d'appareils allemands de la période 1938-1945.
Ce lance-bombe d'origine allemande, n'était pas de très bonne qualité même après sa modification par la société française Alkan qui était spécialisé dans les lance-bombes. Ils furent donc par la suite remplacés par des appareils Alkan plus performants.
Lance-bombes « Schloss 50 » modifié ALKAN.
La fabrication de ces lance-bombes d’origine allemande avait été récupérée par Alkan, qui l’avait adapté pour l’utilisation sur les avions légers. Alkan était, avant-guerre, un spécialiste des lance-bombes, de grandes dimensions notamment les GPU et TGPU (Grande Puissance Unitaire ou Très Grande Puissance Unitaire) destinés au lancement de bombes de 200 ou de 500 kg montées horizontalement sous les fuselages ou sous les plans des avions français. A cette époque, du moins en France, les bombes légères étaient lancées verticalement et de l’intérieur des soutes à bombes.
Voir l’article sur les SIPA ou un extrait de la documentation indique l’emplacement de ces lance-bombes montés.
Pour leur part les Vanneau 472 et les Dassault 311 étaient eux équipés de lance-bombes ALKAN type 50 modèle 46, un nouveau modèle développé par la firme après la guerre.
Un lance-bombes ALKAN type 50, modèle 46.
Collimateurs:
Système de fonctionnement des collimateurs SFOM.
Les avions légers armés auraient été équipés de collimateurs divers. Pour les T-6 il semblerait qu’au moins au début les collimateurs aient été des SFOM type 83 ou 83A, même chose pour les SIPA mais dans les documentations de 1950 pour les MS 472/474, les avions de 1 à 11 étaient équipés de SFOM type 101, puis à partir du 12 avec des « Revi 16b » (un collimateur d’origine allemande). Mais en 1950 ces appareils n’étaient encore que des avions d’entraînement à la chasse donc ces collimateurs ne servaient qu’au tir de chasse. Dans le cas du SFOM 101, un rhéostat était ajouté sur la planche de bord, en haut à droite pour le tir de nuit.
Collimateur SFOM 101
Il est possible que ces collimateurs (qui étaient amovibles) aient été changés suivant les époques et le matériel disponible.
Mais nous ne savons pas très bien comment avec un seul collimateur, il était possible aux pilotes, de tirer tous les types d’armement, mitrailleuses, roquettes de divers type, et largage de bombe sur des cibles diverses et variées... Les quelques pilotes questionnés ne semblent pas se souvenir de ces diverses utilisations, certains se posent même la question de l'efficacité de leurs tirs lors du lancement de bombes.
Nb: les croquis et les informations techniques sont extraits de diverses notices techniques d'époque.
Bombes au Napalm
ou « Bidons spéciaux »
(©) Jacques MOULIN 2010.
Le napalm fut utilisé plus ou moins « officiellement » en Algérie sur des cibles très bien délimitées, surtout sur des zones où il était possible qu’il y ait eu des rassemblements de «rebelles» principalement sur les « Zone interdites » sur des positions abritées ou les grottes.
Mais c’est quoi le napalm ?
Voyons ce qu’en dit le dictionnaire :
Napalm (Na phténic et Palm acides ITIC) est un épaississant généralement mélangé à l'essence pour utilisation dans des opérations militaires. Le nom de la substance, le napalm, est une combinaison des noms de ses dérivés (co-précipités sels d'aluminium de na-phténique et Palm acides ITIC). Familièrement, le napalm est utilisé comme une référence générique à plusieurs liquides inflammables utilisés dans les guerres, souvent en gelée essence.
"Napalm B» est la variante moderne du napalm et, bien que chimiquement différente, est souvent appelée simplement napalm.
Développement
Le développement du napalm a été précipité par l'utilisation de mélanges d'essence gelée par les forces alliées dans la Seconde Guerre mondiale. Le latex utilisé dans ces premières formes de la guerre est devenu incendiaire logistiquement difficile à utiliser dans le théâtre du Pacifique, ce qui a incité les chercheurs des entreprises chimiques Du Pont et la Standard Oil, ainsi que des chercheurs de l'Université Harvard, à s'engager suite à une demande du gouvernement US d’élaborer une alternative au matériel utilisé mais de qualité supérieure. Une équipe de chimistes, dirigée par Louis Fieser à Harvard, a été la première à mettre au point le « napalm » pour l'armée américaine en 1942.
Le napalm était alors composé d'un mélange de sels d'aluminium, acides naphténiques (produits à partir de pétrole brut) et les acides palmitiques (qu'on trouve dans les huiles de palme ou de coco), qui créent un savon «aluminium». Lorsque ce « savon » est mélangé à de l'essence il produit une substance brune sirupeux incendiaire.
Lorsqu'il est utilisé comme arme incendiaire, le napalm peut provoquer des brûlures graves (allant du plus superficiel au sous-cutané) à la peau et du corps, l'asphyxie, l'inconscience et la mort. Dans cette utilisation, les explosions peuvent créer une atmosphère de plus de 20 % de monoxyde de carbone et des courants d’air violents.
Le napalm a commencé par être utilisé comme carburant pour les lance-flammes, puis il a été utilisé en grande quantité dans des bombes incendiaires.
Il semble que la première utilisation en Europe eut lieu le 17 Juillet 1944, des bombes incendiaires au napalm sont larguées pour la première fois par quatorze P-38 Lightning sur un dépôt de carburant à Coutances, près de Saint-Lô. Une plus grande utilisation du napalm par les forces alliées eut lieu dans le théâtre du Pacifique contre les villes japonaises qui étaient facilement incendiables.
Dans le théâtre occidental, la RAF et l’USAAF ont largué plusieurs centaines de milliers de bombes incendiaires sur la ville de Dresde, détruisant plus de quatre-vingt-dix pour cent du centre-ville. Plus incidemment le napalm a été utilisé au cours du siège de La Rochelle, en avril 1945, contre les soldats allemands (et, par inadvertance, sur des civils français), environ deux semaines avant la fin de la guerre.
Par la suite le Napalm fut aussi utilisé par les forces américaines dans la guerre de Corée.
Le Napalm a été utilisé plus récemment, en temps de guerre par ou contre:
Par la France au cours de la première guerre d'Indochine (1946-1954) et de la guerre d'Algérie (1954-1962).
A Chypre (1964, 1974), pendant les guerres de sécessions.
Par Israël (1967, 1982), contre les Palestiniens.
Par le Nigéria (1969), contre les rebelles.
Par l'Inde et le Pakistan (1965 et 1971), l’un contre l’autre.
Par le Brésil (1972), contre ses rebelles.
En Égypte (1973), contre ?
Par le Maroc pendant la guerre du Sahara occidental (1973-1991).
Par l'Iran (1980-88), contre l’Irak.
En Irak (1980-88, 1991, 2003 - présent).
En Angola, en 1993.
En Argentine pendant la guerre des Malouines.
Les « bidons spéciaux »
En Algérie, par pudeur sûrement, ces bombes au napalm étaient désignées « bidons spéciaux ». C’était des conteneurs à peau mince rempli de gel de carburant destiné à être employé contre les abris des troupes, des installations d'approvisionnement en bois, des structures diverses, des rassemblements de troupe, des grottes, ou sur des villages qui auraient dû être vides et parfois des convois terrestres. C’était des bombes à rupture destinées à provoquer des incendies lors de l'impact par un allumeur au contact, ce liquide provoque la propagation sur les objets environnants. L’allumeur US utilisé pour enflammer le mélange de gel de carburant lors de l'impact semble avoir été le modèle MK 13 Mod 0.
Il semble se confirmer que les bombes incendiaires utilisées en AFN aient été du modèle M-47, qui furent auparavant utilisées lors du conflit en Corée..
Ces bombes de 500 livres pouvaient équiper les avions de chasse type P-47, Corsair, Fennec ou Skyraider, ou les bombardiers B-26 ou Privateer mais certainement pas les avions légers type Sipa, Morane ou même T-6, qui ne pouvaient pas emporter des bombes de ce poids.
L’évolution du napalm moderne.
Au début des années 1950, la Norvège a développé son propre napalm, à base d'acides gras qui existait dans l'huile de baleine. La raison de cette évolution est que l'utilisation par les Américains était un produit épaississant qui s’adaptait plutôt mal au climat norvégien particulièrement froid. Le produit a été appelé Northick II.
Le napalm utilisé actuellement est un mélange de benzène (21 %), d’essence (33 %) et de polystyrène (46 %). Le benzène est un composant normal de l'essence (environ 2 %). L'essence utilisée dans le napalm est la même que celle avec ou sans plomb qui est utilisé dans les automobiles. Il est connu comme le Napalm-B.
L’utilisation du Napalm est interdite sur les objectifs non strictement militaires.
© Jacques Moulin 2010.