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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 13:04

 

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Le SHORT « Sunderland V»

 

 

© Jacques Moulin 2012.

 

Sunderland Mk5 COLOR (2)

    Profiles mis à notre disposition gracieusement par Patrick Marchand.

 http://profiles-galore.over-blog.com/article-26172483-6.html#anchorComment 

 

Photo-1-File2347 (2)SunderlandUn Sunderland de la 50.S.Photo-2-File4813--2-SLHADA.jpg Sunderland en vol (archives SLHADA).

 

Généralités

 

Le Short S.25   « Sunderland » est un hydravion de patrouille maritime à coque construit par  les Britanniques, dérivé de l’hydravion de transport civil transatlantique : le Short S.23 « Empire ».

Le Sunderland fut mis au point à la demande de la Royal Navy par son constructeur Short Brothers. En effet, le premier S.23 était à peine en cours de développement que l’Air Ministry britannique émit une demande pour une version purement militaire d’un S.23. La spécification R.2/33 émise en 1933 par le gouvernement anglais appelait donc à la fourniture d’un hydravion à coque d’une nouvelle génération destiné à la reconnaissance maritime. Ce nouvel hydravion devait être un quadrimoteur.

Principalement utilisés dans la lutte contre les sous-marins allemands lors de la bataille de l'Atlantique, les S.25 de la Royal Navy servirent jusqu'en 1959.

 

Photo-3-Matra-2 076 (2)Sunderland

Le Sunderland Mk.III ML.871 de la 7.F en vol, (Archives Th. Matra)

 

Développement

 

L’avion proposé par Short Brothers fut désigné comme le S.25 et il sera étudié par l’ingénieur en chef chargé du projet, Arthur Gouge. Le projet fut soumis à l’Air Ministry en 1934. Son principal concurrent étudié et présenté fut le Saro A.33. La société SARO (Saunders-Roe) avait aussi répondu à l’appel d’offres R.2/33. Les deux prototypes S.25 et A.33 furent commandés pour évaluation par le ministère.

Le prototype (K 4774) du S.25 effectua son premier vol en octobre 1937 aux mains du pilote d'essai en chef de chez Short, John Lankester Parker. C’était à l’époque un des plus puissants hydravions en service et il a été largement utilisé tout au long de la guerre.

Comme son prédécesseur S.23, le S.25 était équipé de deux ponts. Un pont inférieur qui, dans l’optique des longues missions de surveillance, servait au logement des équipages lors des poses. On y trouvait six couchettes, une cuisine avec deux réchauds à kérosène, un cabinet de toilette, un treuil pour l'ancre et un atelier pour les petites réparations pouvant être effectuées en vol.

L'équipage prévu à l’origine était de 7 membres mais il fut rapidement porté à 11 ou parfois plus sur les dernières versions, principalement pour des missions de plus longue durée.

 

Photo-4-Sunderland 7F +á Bel Air photo Serge Bavoux

 Sunderland Mk.V de la 7.S (insigne bien visible) à Dakar-Bel-Air . Photo Serge Bavoux

 

L'appareil était d'une fabrication tout métal, à partir de plaques rivetées, sauf les surfaces mobiles qui étaient en structure en éléments métalliques recouverts de toile. Les volets étaient conçus spécialement par Gouge pour augmenter la surface portante de l'aile de 30 % pour les amerrissages, en se déplaçant vers l'arrière et vers le bas.

Sur les spécifications originales il était demandé que l’appareil soit armé d’un canon de 37 mm en défense et il devait pouvoir transporter 910 kg de bombes, mines sous-marines ou charges de profondeur. Mais l’armement fut souvent revu et augmenté jusqu’à posséder 18 mitrailleuses, ce qui est plus qu’aucun autre avion durant ce conflit.

Le pilote dirigeait l’appareil sur le plan d’eau au moyen des gouvernes et des ailerons et en faisant varier la vitesse des moteurs, exercice qui pouvait se révéler difficile en cas de combinaison de vents et courants contraires.

 

Photo-5 Matra-Sunderland 101 (2)

    Sunderland au mouillage (Archives Th. Matra).

 

Sunderland Mark V

 

La dernière version de production fut le Sunderland Mark V, celle qui sera la dernière à équiper l’Aéronautique navale française. Cette version prenait en compte les réclamations des équipages concernant le manque de puissance des moteurs Pegasus. C’est pour cette raison que quatre moteurs Pratt & Whitney R-1830 « Twin-Wasp » furent choisis pour équiper le Mk.V.

Sur les appareils précédents le surpoids de l'appareil pris au fil des modifications, mais aussi en partie dû à l'installation du système radar, obligeait les équipages de Sunderland III à utiliser les moteurs en régime de combat en vol normal. L'usure prématurée des moteurs nécessita leur remplacement fréquent.

 

Photo-6 Matra-Sunderland 235 (3)

    Un Sunderland en hydroplanage (Archives Th. Matra).

 

Finalement un total de 155 Sunderland Mark V furent produits, ainsi que 33 S.25 Mk III convertis aux spécifications Mk V (dont une partie pour la France).

Au final, 477 (+ 1 prototype) S.25 Sunderland furent produits.

 

Utilisation par la France après-guerre.

 

En 1945 la guerre est terminée, la flottille 7.F de Dakar continue d’user ses derniers Sunderland III livrés en 1943, pour des patrouilles en mer le long des côtes africaines, non sans casse car, en septembre et novembre 1949, deux de ces appareils se crashent en mer, l’un au large de Dakar et l’autre en Méditerranée, entraînant la perte des deux équipages.

La France demande alors à l’Angleterre de lui fournir d’autres appareils pour remplacer ces avions devenu obsolètes, mais il n’y a rien de disponible sur le marché. Les Britanniques ont besoin de tout leur matériel et les Américains font payer en dollars leurs fournitures. Finalement, les Anglais acceptent de faire un effort et les premières livraisons ne se feront qu’à partir de 1951 dans le cadre des accords de réarmement intervenus au début de la Guerre Froide. Il est alors prévu de remettre à la France dix-neuf Sunderland Mk.V, (il est confirmé que c’est finalement 23 appareils qui ont été livrés, quatre furent ajoutés et livrés en 1957) destinés à remplacer les appareils Mk. III livrés en 1943.

Les nouveaux appareils seront tous modifiés et mis à la version Mk.V, les « Sunderland » ne sont plus en fabrication à cette époque et les Anglais nous fourniront des appareils ayant déjà volé, certains encore en service, d’autres en réserve, ils seront reconditionnés et modernisés, certains seront prélevés sur les derniers appareils pris en compte par la Royal Navy, il s’agit de modèle Mk.III ou Mk.V, mais tous seront livrés mis au dernier standard avant livraison.

  Photo-7 Matra-Sunderland 236 (3)

 Un accident de Sunderland non identifié mais probablement avant 1950 c’est donc certainement un Mk.III codé J.

Prévus pour entrer en service en 1949/1950, les appareils ne seront livrés qu’à partir de janvier 1951, le retard s’explique car les appareils, même s’ils sont peu différents des anciens, doivent être remis à niveau pour pouvoir faire face aux missions demandées. Les hydravions seront finalement livrés d’avril 1951 à février 1952 et rejoindront Dakar où ils remplaceront les Sunderland III, qui sont complétement usés.

Au début sont livrés les Sunderland V. Ils arriveront à Dakar au cours de l’été 1951 et seront utilisés uniquement par la flottille 7.F. Les appareils livrés sont tous équipés de moteurs Pratt & Whitney R-1830 « Twin Wasp », avec des hélices qui peuvent être mise en drapeau, ce qui n’était pas le cas des types Mk III, équipés de moteurs Hercules.

C’est en juin 1953 que la 7.F devient 27.F. Seule l’appellation change, ni les appareils ni les marins ne changent, l’unité conserve aussi l’insigne et les traditions.

La carrière à la 27.F ne sera pas sans pertes, autant par attrition que par accidents divers et variés, ces appareils étant déjà bien usés lors de leur prise en compte.

  Photo-8 Matra-Sunderland 100 (2)

 Sunderland au mouillage (Archives Th. Matra).

En 1956 il est envisagé de remplacer les Sunderland par des « Noroit », mais l’interdiction définitive de vol obligera la Marine à demander aux USA le prêt d’hydravions P5M-2 « Marlin ». Ces appareils remplaceront les « Sunderland V » en 1959.

Les quatre derniers Sunderland V livrés en 1957, rarement cités, étaient certainement destinés à remplacer l’attrition.

Hormis la 7.F/27.F, les Sunderland V ont aussi volé sous les couleurs de l’escadrille 53.S de 1953 à 1958. Cette escadrille qui était l’école de pilotage d’hydravion, d’abord installée à Hourtin, elle sera par la suite déplacée à Karouba, en Tunisie, puis comme tous les hydravions de la Marine sont alors basés à Dakar, la 53S se déplace à Dakar en 1955. L’escadrille sera dissoute en juillet 1958 et la formation des pilotes d’hydravion sera reprise par la 27.F.

 

Photo-9 Matra-2 072 (2)Sunderland

Sunderland Mk.III de la 7.F au mouillage (archives Th. Matra).

 

Certains de ces hydravions seront aussi utilisés par l’escadrille 12.S basée à Cuers puis à Saint-Mandrier laquelle avait pour mission la formation des équipages d’appareils anti sous-marins à l’utilisation des bouées sonores qui, larguées en mer, émettent des sons détectables servant à l’écoute de sous-marins. D’abord équipée de Ju 52, puis de « Catalina », puis de « Noroit », après l’interdiction de vol de ces derniers, ils seront remplacés par 2 ou 3 hydravions Sunderland. L’unité sera dissoute en janvier 1960.

La dernière unité équipée de Sunderland fut l’escadrille 50.S, une école destinée à l’instruction des élèves officiers de l’école navale à Lanvéoc-Poulmic, en Bretagne. En juin 1958 une nouvelle mission lui est attribuée : le maintien de la formation des équipages d’hydravions. Les derniers Sunderland seront réformés en janvier 1962.

Donc les Sunderland, suite à la fin prématuré des Noroit, furent les derniers hydravions à être utilisés par la Marine française, si on excepte les Marlin qui ne furent utilisés qu’à Dakar.

Deux appareils retirés du service seront plus tard remis à la Grande-Bretagne. Ils sont toujours exposés dans des musées, ce sont apparemment les seuls Sunderland survivants.

 

  Photo-10-Sunderland 7F +á Bel Airphoto Serge Bavoux

Sunderland Mk.V de la 7.F à Dakar-Bel-Air, détail interne du poste du radio.  (Photo Serge Bavoux).

 

A noter que les premiers Sunderland III (qui ne font pas partie de cette étude) avaient été utilisés dès 1943.

 

Photo-12 Sunderland 27-F photo Serge Bavoux  

Sunderland Mk.V de la 27.F au mouillage. (Photo Serge Bavoux).

 

© Jacques Moulin 2012.

 

Pour ce travail nous avons utilisé le travail beaucoup plus complet écrit par J.P. Dubois publié dans le « Trait d’Union », n° 199 de septembre/octobre 2001

 

Caractéristiques du Sunderland V :

 

Constructeur :            Short Brothers Ltd, Rochester (Surrey) (Rochester et Bedford)

Type :                         Hydravion de reconnaissance monoplan à ailes hautes.

Modèle :                     Mk.V dernière version du Sunderland

Constructeur :            Short Brothers Ltd.

Motorisation :             4 Moteurs Pratt & Whitney R-1830 « Twin-Wasp ».

Puissance unitaire :    1.200 ch.

Equipage :                  11 hommes.

Entré en service (Modèle Mk.V) :     février 1945.

 

Dimensions :

 

Envergure :                                          34,38 m

Longueur :                                            26 m

Hauteur :                                              10,52 m

Surface alaire :                                  138 m²

 

Masse :

 

Masse à vide :                                    15.663 kg

Masse totale :                                     26.332 kg

 

Performances :

 

Vitesse de croisière :                             285 km/h

Vitesse maximale :                               343 km/h

Vitesse de décrochage :                       125 km/h

Plafond :                                             5.400 m

Vitesse ascensionnelle :                       220 m/min

Rayon d’action :                                 2.848 km

Charge alaire :                                       191 kg/m²

Rapport poids/puissance :                 0,030 kg/ch

 

Equipement :

 

Avionique :                             Radar air-surface ASV Mark VI C.

 

  img406

 

Appareil Mark.V pris en compte par la Marine française

utilisation de 1951 à 1962.

 

 Serial                  Date              Date

  RAF              de réception  de retrait

 

ML739            19/02/1952      09/12/1955

ML757            19/06/1951      20/06/1959

ML764            29/07/1951      23/02/1960

ML778            12/05/1951      26/08/1958 accident à Dakar le 7/7/58 (4 morts).

ML779            27/04/1951      24/05/1960

ML796            16/08/1951      30/01/1962 Préservé à Duxford (G-B)

ML799            04/06/1951      26/09/0958

ML800            26/07/1957      21/12/1960

ML816            10/08/1951      17/04/1961

ML819            30/08/1951      23/08/1960

ML820            26/11/1951      26/09/1957

ML821            25/09/1951      26/09/1957

ML824            28/10/1951      22/02/1961 Préservé à Hendon (G-B)

ML866            19/11/1951      16/01/1957 réformé après accident.

ML872            14/12/1951      12/07/1956 réformé après accident.

ML877            08/01/1952      26/01/1959

NJ170             25/05/1951      26/01/1959

NJ182             10/01/1952      17/04/1961

NJ190             19/02/1952      23/08/1960

RN284            18/12/1957      30/01/1962

SZ571             14/11/1957      17/04/1961

SZ576            04/07/1957      21/12/1957 acc.du 23/10/57 à Port Etienne en Mauritanie (5 morts).

 

 

img822.jpg

L'appareil ci-dessus n'est pas un Sunderland, mais sa version civile le S-25 Sandrigham  7, F-OBIP, cet appareil, un ancien de la patrouille maritime britannique avait été convertit en paquebot volant pour la BOAC, puis il fut utilisé en Australie, puis par RAI compagnie basée à Tahiti , abandonné sur place à Bora-Bora , il fut récupéré avec beaucoup de frais et de persévérance par le Musée de l'Air et de l’espace , ou il est actuellement en cours de restauration  à Dugny.(Collection Jean Delmas).

 

Pyperpote-mae-Bermuda-080920-Patrimoine--4-.jpg

 

 

Pyperpote-mae-Patrimoine-Bermuda-100918--12-.jpgVoila deux photos de l'appareil récupéré il est encore, et pour longtemps en travaux.

((c) Photo Jean Luc "Pyperpote")

 

 

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  • Déjà ancien dans l'histoire de l'Aviation, j'ai écrit de nombreux article dans diverses revues depuis 1968 et publié trois livres, un sur les autogires, un sur le Loire 45/46 et un sur le Bloch 174 ces deux derniers livres sont épuisés).
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