Le SHORT « Sunderland V»
© Jacques Moulin 2012.
Profiles mis à notre disposition gracieusement par Patrick Marchand.
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Un Sunderland de la 50.S. Sunderland en vol (archives SLHADA).
Généralités
Le Short S.25 « Sunderland » est un hydravion de patrouille maritime à coque construit par les Britanniques, dérivé de l’hydravion de transport civil transatlantique : le Short S.23 « Empire ».
Le Sunderland fut mis au point à la demande de la Royal Navy par son constructeur Short Brothers. En effet, le premier S.23 était à peine en cours de développement que l’Air Ministry britannique émit une demande pour une version purement militaire d’un S.23. La spécification R.2/33 émise en 1933 par le gouvernement anglais appelait donc à la fourniture d’un hydravion à coque d’une nouvelle génération destiné à la reconnaissance maritime. Ce nouvel hydravion devait être un quadrimoteur.
Principalement utilisés dans la lutte contre les sous-marins allemands lors de la bataille de l'Atlantique, les S.25 de la Royal Navy servirent jusqu'en 1959.
Le Sunderland Mk.III ML.871 de la 7.F en vol, (Archives Th. Matra)
Développement
L’avion proposé par Short Brothers fut désigné comme le S.25 et il sera étudié par l’ingénieur en chef chargé du projet, Arthur Gouge. Le projet fut soumis à l’Air Ministry en 1934. Son principal concurrent étudié et présenté fut le Saro A.33. La société SARO (Saunders-Roe) avait aussi répondu à l’appel d’offres R.2/33. Les deux prototypes S.25 et A.33 furent commandés pour évaluation par le ministère.
Le prototype (K 4774) du S.25 effectua son premier vol en octobre 1937 aux mains du pilote d'essai en chef de chez Short, John Lankester Parker. C’était à l’époque un des plus puissants hydravions en service et il a été largement utilisé tout au long de la guerre.
Comme son prédécesseur S.23, le S.25 était équipé de deux ponts. Un pont inférieur qui, dans l’optique des longues missions de surveillance, servait au logement des équipages lors des poses. On y trouvait six couchettes, une cuisine avec deux réchauds à kérosène, un cabinet de toilette, un treuil pour l'ancre et un atelier pour les petites réparations pouvant être effectuées en vol.
L'équipage prévu à l’origine était de 7 membres mais il fut rapidement porté à 11 ou parfois plus sur les dernières versions, principalement pour des missions de plus longue durée.
Sunderland Mk.V de la 7.S (insigne bien visible) à Dakar-Bel-Air . Photo Serge Bavoux
L'appareil était d'une fabrication tout métal, à partir de plaques rivetées, sauf les surfaces mobiles qui étaient en structure en éléments métalliques recouverts de toile. Les volets étaient conçus spécialement par Gouge pour augmenter la surface portante de l'aile de 30 % pour les amerrissages, en se déplaçant vers l'arrière et vers le bas.
Sur les spécifications originales il était demandé que l’appareil soit armé d’un canon de 37 mm en défense et il devait pouvoir transporter 910 kg de bombes, mines sous-marines ou charges de profondeur. Mais l’armement fut souvent revu et augmenté jusqu’à posséder 18 mitrailleuses, ce qui est plus qu’aucun autre avion durant ce conflit.
Le pilote dirigeait l’appareil sur le plan d’eau au moyen des gouvernes et des ailerons et en faisant varier la vitesse des moteurs, exercice qui pouvait se révéler difficile en cas de combinaison de vents et courants contraires.
Sunderland au mouillage (Archives Th. Matra).
Sunderland Mark V
La dernière version de production fut le Sunderland Mark V, celle qui sera la dernière à équiper l’Aéronautique navale française. Cette version prenait en compte les réclamations des équipages concernant le manque de puissance des moteurs Pegasus. C’est pour cette raison que quatre moteurs Pratt & Whitney R-1830 « Twin-Wasp » furent choisis pour équiper le Mk.V.
Sur les appareils précédents le surpoids de l'appareil pris au fil des modifications, mais aussi en partie dû à l'installation du système radar, obligeait les équipages de Sunderland III à utiliser les moteurs en régime de combat en vol normal. L'usure prématurée des moteurs nécessita leur remplacement fréquent.
Un Sunderland en hydroplanage (Archives Th. Matra).
Finalement un total de 155 Sunderland Mark V furent produits, ainsi que 33 S.25 Mk III convertis aux spécifications Mk V (dont une partie pour la France).
Au final, 477 (+ 1 prototype) S.25 Sunderland furent produits.
Utilisation par la France après-guerre.
En 1945 la guerre est terminée, la flottille 7.F de Dakar continue d’user ses derniers Sunderland III livrés en 1943, pour des patrouilles en mer le long des côtes africaines, non sans casse car, en septembre et novembre 1949, deux de ces appareils se crashent en mer, l’un au large de Dakar et l’autre en Méditerranée, entraînant la perte des deux équipages.
La France demande alors à l’Angleterre de lui fournir d’autres appareils pour remplacer ces avions devenu obsolètes, mais il n’y a rien de disponible sur le marché. Les Britanniques ont besoin de tout leur matériel et les Américains font payer en dollars leurs fournitures. Finalement, les Anglais acceptent de faire un effort et les premières livraisons ne se feront qu’à partir de 1951 dans le cadre des accords de réarmement intervenus au début de la Guerre Froide. Il est alors prévu de remettre à la France dix-neuf Sunderland Mk.V, (il est confirmé que c’est finalement 23 appareils qui ont été livrés, quatre furent ajoutés et livrés en 1957) destinés à remplacer les appareils Mk. III livrés en 1943.
Les nouveaux appareils seront tous modifiés et mis à la version Mk.V, les « Sunderland » ne sont plus en fabrication à cette époque et les Anglais nous fourniront des appareils ayant déjà volé, certains encore en service, d’autres en réserve, ils seront reconditionnés et modernisés, certains seront prélevés sur les derniers appareils pris en compte par la Royal Navy, il s’agit de modèle Mk.III ou Mk.V, mais tous seront livrés mis au dernier standard avant livraison.
Un accident de Sunderland non identifié mais probablement avant 1950 c’est donc certainement un Mk.III codé J.
Prévus pour entrer en service en 1949/1950, les appareils ne seront livrés qu’à partir de janvier 1951, le retard s’explique car les appareils, même s’ils sont peu différents des anciens, doivent être remis à niveau pour pouvoir faire face aux missions demandées. Les hydravions seront finalement livrés d’avril 1951 à février 1952 et rejoindront Dakar où ils remplaceront les Sunderland III, qui sont complétement usés.
Au début sont livrés les Sunderland V. Ils arriveront à Dakar au cours de l’été 1951 et seront utilisés uniquement par la flottille 7.F. Les appareils livrés sont tous équipés de moteurs Pratt & Whitney R-1830 « Twin Wasp », avec des hélices qui peuvent être mise en drapeau, ce qui n’était pas le cas des types Mk III, équipés de moteurs Hercules.
C’est en juin 1953 que la 7.F devient 27.F. Seule l’appellation change, ni les appareils ni les marins ne changent, l’unité conserve aussi l’insigne et les traditions.
La carrière à la 27.F ne sera pas sans pertes, autant par attrition que par accidents divers et variés, ces appareils étant déjà bien usés lors de leur prise en compte.
Sunderland au mouillage (Archives Th. Matra).
En 1956 il est envisagé de remplacer les Sunderland par des « Noroit », mais l’interdiction définitive de vol obligera la Marine à demander aux USA le prêt d’hydravions P5M-2 « Marlin ». Ces appareils remplaceront les « Sunderland V » en 1959.
Les quatre derniers Sunderland V livrés en 1957, rarement cités, étaient certainement destinés à remplacer l’attrition.
Hormis la 7.F/27.F, les Sunderland V ont aussi volé sous les couleurs de l’escadrille 53.S de 1953 à 1958. Cette escadrille qui était l’école de pilotage d’hydravion, d’abord installée à Hourtin, elle sera par la suite déplacée à Karouba, en Tunisie, puis comme tous les hydravions de la Marine sont alors basés à Dakar, la 53S se déplace à Dakar en 1955. L’escadrille sera dissoute en juillet 1958 et la formation des pilotes d’hydravion sera reprise par la 27.F.
Sunderland Mk.III de la 7.F au mouillage (archives Th. Matra).
Certains de ces hydravions seront aussi utilisés par l’escadrille 12.S basée à Cuers puis à Saint-Mandrier laquelle avait pour mission la formation des équipages d’appareils anti sous-marins à l’utilisation des bouées sonores qui, larguées en mer, émettent des sons détectables servant à l’écoute de sous-marins. D’abord équipée de Ju 52, puis de « Catalina », puis de « Noroit », après l’interdiction de vol de ces derniers, ils seront remplacés par 2 ou 3 hydravions Sunderland. L’unité sera dissoute en janvier 1960.
La dernière unité équipée de Sunderland fut l’escadrille 50.S, une école destinée à l’instruction des élèves officiers de l’école navale à Lanvéoc-Poulmic, en Bretagne. En juin 1958 une nouvelle mission lui est attribuée : le maintien de la formation des équipages d’hydravions. Les derniers Sunderland seront réformés en janvier 1962.
Donc les Sunderland, suite à la fin prématuré des Noroit, furent les derniers hydravions à être utilisés par la Marine française, si on excepte les Marlin qui ne furent utilisés qu’à Dakar.
Deux appareils retirés du service seront plus tard remis à la Grande-Bretagne. Ils sont toujours exposés dans des musées, ce sont apparemment les seuls Sunderland survivants.
Sunderland Mk.V de la 7.F à Dakar-Bel-Air, détail interne du poste du radio. (Photo Serge Bavoux).
A noter que les premiers Sunderland III (qui ne font pas partie de cette étude) avaient été utilisés dès 1943.
Sunderland Mk.V de la 27.F au mouillage. (Photo Serge Bavoux).
© Jacques Moulin 2012.
Pour ce travail nous avons utilisé le travail beaucoup plus complet écrit par J.P. Dubois publié dans le « Trait d’Union », n° 199 de septembre/octobre 2001
Caractéristiques du Sunderland V :
Constructeur : Short Brothers Ltd, Rochester (Surrey) (Rochester et Bedford)
Type : Hydravion de reconnaissance monoplan à ailes hautes.
Modèle : Mk.V dernière version du Sunderland
Constructeur : Short Brothers Ltd.
Motorisation : 4 Moteurs Pratt & Whitney R-1830 « Twin-Wasp ».
Puissance unitaire : 1.200 ch.
Equipage : 11 hommes.
Entré en service (Modèle Mk.V) : février 1945.
Dimensions :
Envergure : 34,38 m
Longueur : 26 m
Hauteur : 10,52 m
Surface alaire : 138 m²
Masse :
Masse à vide : 15.663 kg
Masse totale : 26.332 kg
Performances :
Vitesse de croisière : 285 km/h
Vitesse maximale : 343 km/h
Vitesse de décrochage : 125 km/h
Plafond : 5.400 m
Vitesse ascensionnelle : 220 m/min
Rayon d’action : 2.848 km
Charge alaire : 191 kg/m²
Rapport poids/puissance : 0,030 kg/ch
Equipement :
Avionique : Radar air-surface ASV Mark VI C.
Appareil Mark.V pris en compte par la Marine française
utilisation de 1951 à 1962.
Serial Date Date
RAF de réception de retrait
ML739 19/02/1952 09/12/1955
ML757 19/06/1951 20/06/1959
ML764 29/07/1951 23/02/1960
ML778 12/05/1951 26/08/1958 accident à Dakar le 7/7/58 (4 morts).
ML779 27/04/1951 24/05/1960
ML796 16/08/1951 30/01/1962 Préservé à Duxford (G-B)
ML799 04/06/1951 26/09/0958
ML800 26/07/1957 21/12/1960
ML816 10/08/1951 17/04/1961
ML819 30/08/1951 23/08/1960
ML820 26/11/1951 26/09/1957
ML821 25/09/1951 26/09/1957
ML824 28/10/1951 22/02/1961 Préservé à Hendon (G-B)
ML866 19/11/1951 16/01/1957 réformé après accident.
ML872 14/12/1951 12/07/1956 réformé après accident.
ML877 08/01/1952 26/01/1959
NJ170 25/05/1951 26/01/1959
NJ182 10/01/1952 17/04/1961
NJ190 19/02/1952 23/08/1960
RN284 18/12/1957 30/01/1962
SZ571 14/11/1957 17/04/1961
SZ576 04/07/1957 21/12/1957 acc.du 23/10/57 à Port Etienne en Mauritanie (5 morts).
L'appareil ci-dessus n'est pas un Sunderland, mais sa version civile le S-25 Sandrigham 7, F-OBIP, cet appareil, un ancien de la patrouille maritime britannique avait été convertit en paquebot volant pour la BOAC, puis il fut utilisé en Australie, puis par RAI compagnie basée à Tahiti , abandonné sur place à Bora-Bora , il fut récupéré avec beaucoup de frais et de persévérance par le Musée de l'Air et de l’espace , ou il est actuellement en cours de restauration à Dugny.(Collection Jean Delmas).
Voila deux photos de l'appareil récupéré il est encore, et pour longtemps en travaux.
((c) Photo Jean Luc "Pyperpote")