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18 août 2011 4 18 /08 /août /2011 17:28

 

Les Missiles filoguidés "Nord Aviation"

SS-11/AS-11

 

© Jacques Moulin 2011.

 

 

  Daniel-Bechennec.jpg     Une vue d'un MB Flamant tirant un AS-11 sur des grottes dans une vallée en Algérie.    Le peintre montre bien sur la trace des fumées que l'engin était en rotation lors de son lancement  (Dessin offert par Daniel Bechenec).

 

  SS-AS-11

 

Dessin d'un missile SS-11

 

C’est pendant la guerre d’Algérie que fut expérimenté en grandeur réelle le premier missile guidé utilisé en nombre : le SS-11. Prévu comme arme anti-char, son développement entraîna son utilisation comme appareil embarqué sur aéronefs en version Air-Sol appelée AS-11, utilisable aussi pour l’attaque au sol, c’était aussi le premier missile guidé français.

Le SS-11 (sol-sol 11) est le premier missile antichar à avoir connu une utilisation mondiale. De fabrication française (SFECMAS puis « Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Nord » puis  « Nord aviation » puis « Aérospatiale »), il était guidé par un fil qui se déroulait lors du lancement et reliait en continu le missile au poste de commande situé sur le véhicule tireur. Durant le trajet du projectile, un long fil se dévide depuis le véhicule tireur, en tournant sur lui-même ce projectile conserve ainsi une trajectoire la plus rectiligne possible. Grâce à ce fil qui guide la trajectoire, un opérateur (placé dans un poste de tir) transmet des données qui permettent le guidage vers sa cible. Ce poste de tir est équipé d’un système optique de pointage.

File1128_WEB.jpg

Un AS-11 monté sous les ailes d'un "Flamant".

 

L’engin original était prévu pour être lancé à partir d'une mini-rampe de lancement montée sur véhicule. Il fut rapidement adopté par l'Armée de Terre française pour équiper les blindés légers, dès 1958, et testé durant la guerre d'Algérie. Rapidement une version air-sol (AS-11) pouvant être tirée à partir d'un hélicoptère ou d’un avion fut développée. Les enrouleurs des fils de commande étaient dans la rampe de lancement montée sur les aéronefs.  

Devant le faible coût et la bonne précision du missile, les USA qui étaient à la recherche de missiles anti-char, le choisirent, et le SS-11 fut mis en service dans l'US Army sous l’appellation AGM-22 et, par la suite, ce type de missile entra en service dans de nombreuses autres armées.

     

046-2 WEB 

Montage des AS-11 sur une Alouette II

 

  Photo_4_Armement-d-un-Alouette-II.jpg   Détail du montage des AS-11 sur une Alouette II.Un des deux missiles droit est manquant,ce qui permet de voir la forme de la rampe de lancement.

 

Historique

 

Fin 1934 est formé à Villacoublay l’Arsenal du Matériel Aérien, qui a pour principal but de mieux cerner les prix des matériels achetés par l’Etat. Une de ses autres missions porte sur les recherches et la surveillance des fabrications secrètes et aussi la formation des personnels de l’Etat. Le bureau d’études de l’Arsenal était alors dirigé par Michel Vernisse.

Ses premières fabrications, avant juin 1940, furent les VG 33 (VG comme Vernisse et Galtier) lancé en série mais qui arrivèrent trop tard. Puis après l’armistice de juin 1940 le bureau d’études et les fabrications sont transférés à Villeurbanne (Rhône) où les études continueront principalement sur le VB 10, (Vernisse et Badie) un chasseur lourd qui sera rapidement abandonné après la Libération.

Dès l’automne 1946, l’ingénieur général de l’Armement Michel Vernisse, devenu directeur de l’Arsenal de l’Aéronautique, créa à la demande du STAé un département Engins spéciaux (ES), composé d’une dizaine de personnes. Il nomma à sa direction le jeune Ingénieur de l’Armement Émile Stauff. C’est à ce département que le STAé confia pour étude les matériels allemands récupérés : quelques missiles air-air X 4, une maquette de soufflerie X 7 et un missile sol-air Enzian, et lui demanda d’étudier les travaux réalisés par les Allemands pour essayer d’en tirer de nouveaux matériels destinés à l’utilisation par l’armée française. Bien sûr quelques spécialistes allemands furent affectés au département mais ne furent pas intégrés dans les circuits d’étude et de recherche, ils étaient employés seulement comme consultants, leur aide ne fut pas inutile. L'étude de nouveaux missiles débuta à Chatillon-sous-Bagneux à la SFECMAS, qui était devenu le nouveau nom de l’Arsenal de l’Aéronautique, une société qui fut un peu plus tard absorbée par Nord Aviation.

 

img105.jpg    

Quelques dessins des missiles allemands  (extrait de Science et Vie spécial aviation 1946).

 

Les premiers essais furent un peu longs à donner des résultats. Le premier missile qui sortit de ces bureaux d’études fut développé en 1950, c’était le SS-10 (Nord-5203), (SS = sol-sol) un missile filoguidé léger. Le premier missile guidé à entrer en service au monde le sera par l’armée de terre, et sa version AS-10 (AS= air-sol) sera mise en service par l’ALAT dès 1952.

Développé à partir de 1953 le SS-11 était une amélioration de ce premier missile filoguidé, très connu sous la désignation usine de « Nord-5210 ». Il a été conçu comme une version lourde de la SS-10 pour l'utilisation à partir de véhicules, navires et hélicoptères. Le missile est entré en service dans l'armée française sous la désignation de SS-11.

Rapidement sa version AS-11 a été utilisée comme le premier missile antichar guidé à être monté sur hélicoptère (Alouette II) dans le monde.

Le SS-11 est le premier missile utilisant le lien filaire pour les modifications de direction, des déviateurs de jet permettant le pilotage. Cette technique, mise au point par l'ingénieur de l’armement Émile Stauff en 1948 et brevetée en 1955, permettait en effet un pilotage avec un système de faible encombrement, efficace quelle que soit la vitesse de l'engin. Ce système sera repris sur l'ensemble de la gamme de missiles antichars et airs-sol développés ultérieurement par Nord Aviation puis par l’Aérospatiale (AS-30, Milan, Eryx, etc ...).

L’engin était piloté manuellement par un guidage optique, l'opérateur disposant d'un viseur télescopique pour acquérir l'objectif. Une fois lancé, dès que le missile entre dans son champ de visée, l'opérateur l'aligne sur sa ligne de mire au moyen d'un levier de commande et les ordres sont transmis au moyen d’un fil qui se déroule entre le lanceur et l’engin lequel permet de diriger le missile sur l'objectif en visant les fusées lumineuses fixées sur sa queue.   

Sa fabrication en série, qui commence en 1956, se termine en 1984 dans les établissements de Bourges. Les cadences de production atteignirent au plus fort de la fabrication 1.500 unités par mois. Plus de 180.000 exemplaires furent produits.

AS-11 monté sur Alouette : détail vu de côté.

 

Utilisation :

 

Le SS-11 était lancé à partir du sol ou de véhicules légers (Jeep). Il fut également adapté pour pouvoir être utilisé à partir de chars (AMX-13) d’hélicoptères (Alouette II), d'avions (Dassault MD 315 Flamant) ou de navires dans sa version SS-12.

La production du SS-11 débuta en 1954 et cessa en 1986, après que quelque 182.273 exemplaires furent construits pour plus de vingt pays. Sa fabrication fut également réalisée sous licence par l'Inde, l'Allemagne et les Etats-Unis.

 

Utilisation en AFN

 

La première utilisation au combat du missile SS-11 eut lieu en 1956 avec un premier essai à partir d’un Dassault MD 311, comme méthode d'attaque contre les grottes fortifiées situées dans les gorges des montagnes escarpée de l’Atlas algérien. L'expérience de cette utilisation au combat s'est révélée extrêmement fructueuse et est devenu standard sur les autres MD 311 de l’Armée de l’Air utilisés pour le combat en Algérie. De cette expérience de combat débutée en Algérie sur des appareils à voilure fixe, l'Armée de l’Air française développa l’utilisation de ces missiles sur des premiers hélicoptères de combat motorisés avec des moteurs à turbine fiable. Cela n'était possible que grâce à la société française Turbomeca, qui venait de mettre sur le marché des turbines fiables et légères (turbopropulseur).

Le mode de lancer des missiles antichars, basé sur l'Alouette II et plus tard l'Alouette III s’avéra le plus efficace car il était plus facile de piloter ces missiles à partir de plateformes pouvant rester en vol stationnaire. Les Alouette II portaient quatre missiles AS-11 mis au point pour le tir air-sol. Ce système a vu une importante utilisation dans ce conflit de 1958 à 1962.

Des essais de missiles SS-11 ou AS-11 sur des "Corsair" furent pratiqués par la Marine, sur le porte-avions Arromanches à la fin des années 50.

SS11 sur Corsair

Un "Corsair " de la 15 F basé sur le porte-avions "Arromanches" équipé de SS-11 pour des essais (Origine constructeur via Pierre Lussignol).

 

Versions françaises

- SS-11 : version Sol-Sol

- AS-11 : version Air-Sol

 

Développement ultérieur :

- SS-11 A1 : appellation rétroactive de la version initiale,

- SS-11 B1 : version améliorée avec une électronique transistorisée permettant d'augmenter la précision de la désignation grâce à l'alignement automatique du missile sur la ligne de visée pilotée par le poste de tir. Cette version, également appelée SS-11 TCA ou « Harpon », améliorait notamment les tirs à basse visibilité et à faible distance grâce à un dispositif infrarouge.

  Photo_3_Alouette-en-opp-ration.jpg    .Alouette II en opération en AFN avec ses AS-11.

 

Charges militaires :

 

Le SS/AS-11 pouvait recevoir différentes charges militaires suivant l'utilisation:

- Type 140AC en version antichar à charge creuse capable de percer 600 mm de blindage

- Type 140AP02 en version perforante à souffle et fragmentation

- Type 140AP59 en version antipersonnel à souffle et fragmentation

- Type 140CCN en version antinavire.

 

Caractéristiques :

 

Constructeur : SNCAN puis Aérospatiale.

Premier déploiement opérationnel : 1958.

Motorisation : deux étages à poudre.

Masse au lancement : 30 kg environ.

Longueur :                                 1,2 m

Diamètre :                                164 mm.

Envergure :                              500 mm

Vitesse :                         110 à 220 m/s.

Portée :                       500 à 3.000 m

Charge militaire : Charge creuse de 6,8 kg

 

 

Renseignements techniques sur les SS-11

 

Extrait d'une documentation constructeur.

 

(Origine Pierre Lussignol).

 

 

 

MD311

 

 

Profil d'un Flamant équipé de AS-11 (profil offert par Olivier Beernaert).

 

 

 

Détail des enrouleurs de câble pour la télécommande des missiles SS-10

 

 

 

     SS 10 fuseaux-d+®rouleurs

 

SS 10détail fuseaux-d+®rouleursbis

Documents constructeur via Pierre Lussignol.

 

Pour plus de renseignements :

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Nord_SS.11

ou

http://www.scribd.com/doc/38606186/COMHART-T10-Armements-antichars-missiles-guides-et-non-guides-France-2008

 

Remarque d'un lecteur:

 

Monsieur Le Queré le 29/08/2011

 

Les infos concernant le SS 11 sont très intéressantes. J’étais dans le MD 311 n° 280 le 22 août 1956 pour effectuer un tir sur des grottes dans les Aurès. Plusieurs MD 311 basés à Blida étaient équipés pour recevoir des SS 11. Je pense que seuls les MD 311 de Blida (GOM 86) pouvaient recevoir ce type de missiles.

 

 

 

 

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commentaires

P
Pouvez vous m'autoriser à reproduite certaines de vos photos pour les intégrer dans un livre sur les tireurs antichars?
Répondre
L
<br /> Les infos concernant le SS 11 sont très intéressantes. J’étais dans le MD 311 n° 280 le 22 août 1956 pour effectuer un tir sur des grottes dans les Aurès. Plusieurs MD 311 basés à Blida étaient<br /> équipés pour recevoir des SS 11. Je pense que seuls les MD 311 de Blida (GOM 86)pouvaient recevoir ce type de missiles.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Merci pour cezs precisions, je le smet en ligne<br /> <br /> <br /> <br />

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  • Déjà ancien dans l'histoire de l'Aviation, j'ai écrit de nombreux article dans diverses revues depuis 1968 et publié trois livres, un sur les autogires, un sur le Loire 45/46 et un sur le Bloch 174 ces deux derniers livres sont épuisés).
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