Les SNCASO SO-90 SO-94 et SO-95 |
© Jacques Moulin 2010/2012.
Un SNCASO SO-95 de la 5S.
Profil mis gracieusement à notre disposition par Patrick Marchand.
http://profiles-galore.over-blog.com/article-26172483-6.html#anchorComment
Un SO-95 d'une unité non identifiée de la Marine (DR).
Le programme du SO-90, prototype des SO-94 et SO-95, commence au début des années 1940, à la SNCASO, sous la direction de Maurice Hurel (le futur constructeur du Hurel-Dubois). Il était (plus ou moins) dérivé d’un projet Marcel Bloch, le MB 80.
Sous l'Occupation, le programme se poursuit, avec l'accord de la Commission d'Armistice, sous réserve qu'aucun essai en vol ne soit effectué afin d'empêcher d'éventuelles évasions. Surtout après l’invasion de la zone sud, au début de novembre 1942.
Une très rare photo du SO-90 n°1 vue a sa sortie de l'atelier de Rochefort .
(Archives Jacques Moulin DR).
Pourtant des essais de roulage ont lieu sur l'aérodrome de Cannes-Mandelieu, sous la surveillance des autorités italiennes. Cependant, le lundi 16 août 1943 (un jour férié), en début d’après-midi, le commandant Maurice Hurel, accompagné de Weill, Mollard et Allegret flanqués de certains de leurs enfants, brave cet interdit, s'envolant pour un premier vol à haut risque avec huit passagers. Le prototype n’est pas terminé, il manque des cadrans sur le tableau de bord et sans hydraulique de train. Après trois heures de vol au ras des flots il se dirigea vers Philippeville (Algérie).
Mécanisme de pas d’hélice endommagé, le proto est arrivé en France Libre.
Une autre très rare photo du SO-90 n° 1 (DR).
Après réparation, l'appareil effectue quelques essais sur place avant de revenir en France le 16 décembre 1944.
De cet appareil naît alors la version dérivée, le SO-93, qui effectue son premier vol au Bourget aux mains de Fernand Lefebvre. Il ne fut produit qu'à un seul exemplaire.
Celui-ci est emmené par bateau en Argentine en vue d'un éventuel marché à l'exportation, bien que l'avion ne soit pas produit en série.
Le 27 juillet 1946, une démonstration est effectuée avec le pilote d'essais Fernand Lefebvre aux commandes, accompagné du mécanicien-navigant Georges Sixdenier. Mais, soudainement, en pleine évolution, l'une des ailes se détache de l'appareil entraînant l'équipage dans la mort.
Le SO-94, qui est également un appareil de développement, effectue son premier vol le 6 mai 1947. Il est alors en compétition sur un programme avec le SNCAC NC 701 (Siebel déjà construit en série) et le Dassault MD-315 Flamant qui remportera le marché de l'équipement de l'Armée de l'Air. Mais les appareils fabriqués (15) seront utilisés par la Marine, principalement en AFN comme appareils de liaison.
Un SO-94 R 56 S 27 et peut-être l'appareil n° 27 (avec le nez Radar).
Une série SO-94 R de la 56 S 19, probablement le n° 11 (Photo Menetret).
Le premier vol du prototype SO-95, dérivé des modèles SO-90, SO-93 et SO-94, eut lieu en juillet 1947. Il était conçu pour les lignes intérieures françaises. Finalement il ne fut employé que dans les détachements de liaison et de transport léger de l'aéronautique navale. Les appareils construits à une soixantaine d'exemplaires seront principalement (45 exemplaires) utilisés pour l'aéronautique navale française. Les autres seront affectés à des utilisations de transport public.
Deux appareils sont par ailleurs utilisés, à partir de 1950, par la compagnie aérienne indienne "Air Services", pour des liaisons Bombay-Bangalore et Bombay-Delhi.
De nombreux SO-95 furent utilisés en liaison en AFN pendant une bonne partie de la guerre.
Le SO-95 est un appareil bimoteur à aile médiane, tout en métal et dont le train d'atterrissage est escamotable. Les moteurs entraînent des hélices tripales.
Le SO-95 est un avion de transport léger et de liaison civile de conception française mais, refusé, il ne fut commandé que pour la Marine Nationale.
Photo prise en septembre 1946. On reconnaît bien le proto du SO-93 équipé de moteurs Argus As.411 de 440 ch. Immatriculé F-BBAP il sera détruit en Argentine
(Collection Marcel Fluet-Lecerf).
SO 95 M n° 2 de la Marine, sans code d’unité. (DR)
SO 95 M « Corse » 2.S 10 (n°10) au Bourget en octobre 1958 (Collection Marcel Fluet).
A noter également que les SO-95 commandés pour la Marine devaient être équipés de crosse d'appontage pour leur utilisation (éventuelle) sur porte-avions. C’est ce qui explique le retour au train d'atterrissage classique. Mais la France n'en avait pas l'utilité et les crosses furent en général démontées.
Un accident d'un SO (probablement ) 95 (il ne semble pas y avoit de trappe ni de roue avant) de l'Aéronautique Navale non identifié.
Trois photos de l'accident du SO 94 R code 56 S 17 (Photo Mennetret)
Versions construites :
- SO-90: prototype doté de moteurs Béarn 6D-07 de 350 chevaux pouvant emporter 7 passagers. (1 proto + 25 exemplaires). Cette version fut rapidement retirée du service dès 1950 à cause du moteur, comme presque tous les appareils utilisant ce type de moteur.
- SO-93:prototype doté de moteurs Argus As.411 de 440 chevaux pouvant emporter 10 passagers. (1 proto).
- SO-94 :version de développement dotée de moteurs Renault 12SOO de 600 chevaux et train tricycle pouvant transporter 13 passagers. (1 proto + 15 exemplaires).
- SO-95 : version de série, bimoteur à ailes moyennes et train classique escamotable, construit tout en métal. Il pouvait emporter entre dix et treize passagers et deux hommes d'équipage. Il s'agissait d'un monoplan aile basse de construction entièrement métallique (45 exemplaires construits).
Utilisation
Les SO-90 furent peu utilisés, à cause de leurs moteurs Béarn mis au point pendant la guerre. Très fragiles, problématiques d'approvisionnement, ils servirent principalement comme appareils d'essais.
Le SO 93 fut détruit par accident en Argentine faisant deux morts.
Les SO-94 et 95, équipés de moteur Renault 12 S, (version française du moteur Argus AS 411 TA, d’origine allemande) furent utilisés par la Marine, notamment au Maroc, pour la surveillance, la liaison, l'entraînement et même le remorquage de cibles.
La différence la plus visible entre le SO-94 et le SO-95 était le train tricycle pour le 94 et classique pour le 95.
Quelques appareils de ces deux types furent modifiés en version R comme "radar".
Il faut également noter que certains de ces appareils furent prévus et essayés comme appareils civils, mais sans succès, le nombre de passagers étant trop faible pour que l'appareil soit rentable.
Les SO-95V (version civile) étaient des "Corse II".
Plan trois-vues du SO-94
Caractéristiques des SO 90/94/95
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : SNCASO
Équipage :
Missions : transport et école
Date du premier vol : 16/08/43 (SO 90)
Constructions :
Dimensions
SO 94 SO 95
Envergure : 16,20 m 17,90 m
Longueur : 12,35 m 12,35 m
Hauteur : 4,12 m 4,30 m
Surface alaire : 32,60 m² 36,60 m
Charge allaire :
Voie du train : 4,65 m
Masse
Masse à vide : 3600 kg 4025 kg
Charge utile :
Masse totale en charge : 5430 kg à 6200 m 5605 kg
Performances :
Vitesse maxi : 390 km/h 350 km/h
Vitesse de croisière :
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie : 1800 km 1300 km
Plafond :
Distance franchissable :
Altitude de croisière :
Rayon d’action :
Communication radio :
Moteur
Marque : Argus>>Renault Renault >> Snecma
Nombre : 2 2
Type : 12 S 00 12 S -02/01
Configuration : 12 cylindres en V inversé à 60° 12 cylindres en V inversé à 60°
Refroidissement : Air Air
Suralimentation :
Puissance normale au sol : 580 ch 580 ch
Puissance à 2500 m : 350 ch 350 ch
Puissance au décollage : 600 ch 600 ch
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice :
Alésage : 105 mm 105 mm
Course : 115 mm 115 mm
Cylindré totale : 12 litres 12 litres
Taux de compression : 6,4 :1 6,4 :1
Hélice
Marque : Ratier a pas variable
Type :
Nombre de pales : 3
Diamètre : 2,50
Un SO 95 de la flotille 56 S
Les SO-95 en cours de fabrication.
Poste de pilotage des SO 94 (Photo constructeur)
Poste de pilotage du SO 95 (photo SNCASO)
Deux dessins de la cabine de pilotage extraits de la notice du SO 95 "Marine".
Croquis du montage de la crosse d'appontage sur le SO-95 (montage non effectif)
Extrait de la notice du SO-95.
© Jacques Moulin 2010/2012.
NB : Un ouvrage étudie cette famille d'appareils. C'est le numéro 245 du "Trait d'Union" journal de la branche française d'Air Britain de mai-juin 2009, écrit par Philippe Ricco et Jean-Pierre Dubois.
http://www.aerostories.org/~aerobiblio/article 25U.html
Article publié dans l'Ancien d'Algérie n° 490 du mois d'octobre 2010.