Martin P5M.2 "Marlin" |
© Jacques Moulin 2012.
Profil mis gracieusement à notre disposition par Patrick Marchand.
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Historique sommaire :
L’hydravion Martin P5M "Marlin", fut construit par la célèbre société américaine Glenn L. Martin Company (basée à Middle River, Maryland USA). Il fut étudié à la demande de la Marine des Etats-Unis et plus généralement des forces armées des USA pour remplacer les Martin PBM « Mariner » et les Consolidated PBY « Catalina ».
Martin développa donc un nouvel appareil qui était le Martin Model 237, un hydravion possédant une nouvelle forme de coque et une nouvelle queue, cela donna naissance au prototype du XP5.M.
Un "Marlin" français (Photo d’origine inconnue DR).
Historique
Le prototype était équipé de trois tourelles munies de jumelage de deux canons de 20 mm (type M3 dérivé du Hispano-Suiza HS 404) une dans le nez, une dans la queue et une tourelle dorsale. Ce prototype effectua son premier vol le 30 mai 1948. Des modifications furent demandées pour que l’appareil soit un vrai patrouilleur maritime pouvant être utilisé aussi bien en patrouille anti-navires ou de sauvetage que comme patrouilleur contre les sous-marins ennemis.
Un second prototype fut donc construit à partir de 1949 sous l’appellation XP5M-1. Sur cet appareil la tourelle de nez avait été remplacée par un radome pour le radar de recherche APS-80, le poste de pilotage avait été redessiné de manière à augmenter la visibilité, cela entraîna la suppression de la tourelle dorsale et il fut doté de nouveaux flotteurs mieux profilés. Les nacelles des moteurs ont également été rallongées pour permettre l’installation des armements anti-sous-marins dans des soutes auxiliaires. Le XP5M-1 fit son premier vol le 22 juin 1951. Il s'agissait là du véritable prototype militaire de l'appareil. L'US Navy et Martin baptisèrent l'appareil : " Marlin".
Les livraisons en unités commencèrent dix mois plus tard. Les pilotes et leurs équipages voyaient en lui une machine agréable à piloter et facile d'utilisation. De plus l'hydravion était particulièrement confortable pour les missions de longues durées.
Le Martin P5M "Marlin" se présentait comme un hydravion monoplan à coque, bimoteur, équipé d’une voilure en ailes de mouette aplatie, comme son prédécesseur, cela permettait à l’hydravion d’avoir les fuseaux moteurs assez hauts au-dessus de l’eau même par temps agité. La forme de la coque était vaguement inspirée par l’hydravion japonais quadrimoteur Kawanishi H8K «Emily», bien connu pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Le Martin P5M.2 « Marlin » ne fut pas exporté, son seul client en dehors des Etats-Unis fut l’aéronautique navale française.
Utilisation par la France.
Début novembre 1954, suite à un accident du Nord 1402 "Noroit" n° 8 de l’escadrille 53.S, accident qui fit sept morts, une nouvelle interdiction de vol fut prise contre les Noroit, cette interdiction fut définitive et cela termina la carrière du dernier hydravion militaire français.
Une vue de l'amphibie "Noroit" (Archives Thierry Matra).
De son côté la flottille 27-F perdit un Sunderland Mk V le 23 octobre 1957, faisant cinq morts.
Après l’échec cuisant du "Noroit", il devenait urgent de trouver un appareil pour remplacer les hydravions patrouilleurs de la flottille 27-F basé à Dakar. Or il n’y avait pas beaucoup d’avions de ce type sur le marché.
La France, qui se trouvait en pleine guerre d'Algérie, se tourna vers les Etats-Unis pour obtenir un groupe d’hydravions patrouilleurs destinés à la Marine afin qu’elle puisse continuer, à partir de sa base d’hydravions de Dakar (alors en Afrique Occidentale Française, mais qui allait devenir rapidement le Sénégal), d’effectuer avec sa flottille 27-F des opérations de patrouille maritime alors qu’elle était toujours équipée de Short "Sunderland" britanniques, des appareils à bout de souffle.
Les USA étaient évidemment conscients qu’ils devaient aider la France à garder la façade atlantique de l’Afrique contre les sous-marins soviétiques qui patrouillaient en nombre dans l’Atlantique. Ils acceptèrent de nous prêter du matériel plus moderne permettant de continuer nos missions de patrouille maritime aussi bien dans l’Atlantique qu’en Méditerranée, c’étaient alors les seuls appareils existants, c’est pourquoi ils acceptèrent de nous fournir dix Martin P5M-2 Marlin.
La flottille 27-F avait été créée le 31 octobre 1946, elle avait pour insigne la Croix du Sud et, même si leurs prédécesseurs ont bien souvent porté l’insigne, aucune photo ne représente les Marlin avec l’insigne de l’unité.
On voit bien sur cet appareil les deux coupoles radar, dans le nez et au-dessus du poste de pilotage. (Photo d’origine inconnue DR).
La formation du personnel fut effectuée à partir de février 1959 sur la base de Corpus Christi, sur la côte texane avec des P5M-1. Un appareil d’entrainement sera perdu pendant cet entrainement, le 12 mars un P5M-1. Certains membres de l’équipage seront été plus ou moins gravement blessés
.Après la qualification des équipages les appareils P5M-2 seront remis à l’Aéronautique Navale française à Norfolk (USA).
Le premier des dix P5M-2 arriva à Dakar en mai 1959, conduit par les équipages français formés par l'US Navy. Ces appareils resteront propriété des USA et seront rendus quand ils ne seront plus utiles. Les appareils furent immédiatement affectés au contrôle des voies maritimes entre l'Atlantique et la Méditerranée afin d'intercepter les éventuels navires transportant des armes pour les résistants algériens. Les Marlin de Dakar faisaient régulièrement halte sur les différentes bases de l'aéronavale au Maghreb ou en métropole, jouant au chat et à la souris avec les trafiquants d'armes. Le retrait de la France du commandement de l’OTAN entraîna le reversement aux USA des Marlin qui n’étaient que prêtés.
Mais d’autre part, après la fin de la Guerre d’Algérie en 1962, ces missions devenaient secondaires, en effet la Marine devait se retirer de la base aéronavale de Dakar suite à l’accès à l’indépendance du Sénégal. Les grands hydravions devenaient inutiles, cela sonna la fin de ce type d’appareils dans la Marine française. Les Marlin furent rendus aux USA en septembre 1964. Et la flottille 27-F qui n’avait plus d’appareils, sera dissoute le 1er octobre 1964.
Le Marlin était dépourvu de train d’atterrissage.
Les roues visibles sous l'appareil sont destinées au déplacement à terre.
Caractéristiques Martin P5M.2 « Marlin ».
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Martin
Équipage : 8/11
Missions : patrouille maritime.
Date du premier vol : 30 mai 1948
Dimensions
Envergure : 36,02 m
Longueur : 31,02 m
Hauteur : 10,05 m
Surface alaire : 130,10 m²
Charge allaire : 287 kg/m²
Masse
Masse à vide : 22900 kg
Charge utile : 10000 kg
Masse totale en charge : 33000 kg
Masse maxi au décollage : 38600 kg
Performances :
Vitesse maxi : 460 km/h
Vitesse de croisière : 242 km/h
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie : 3800 km
Plafond opérationnel : 7300 m
Distance franchissable : 3300km
Altitude de croisière :
Rayon d’action :
Armement :
Armement : En plus de la tourelle de queue équipée de deux canons de 20 mm, le Marlin pouvait être équipé de diverses charges pouvant être installé dans les deux petites soutes situées derrière les fuseaux moteurs contenant :
Quatre torpilles de 980 kilogrammes
ou
Quatre bombes de 900 kilogrammes
ou
Huit mines de 450 kilogrammes
ou
Seize bombes de 230 kilogrammes
ou
Seize grenades sous-marines de 150 kilogrammes.
Evidemment ces charges pouvaient être panachées.
Communication radio :
Radar : AN/APS-44 et AN/APS 80 monté dans le nez
Moteur
Marque : Wright
Nombre : 2
Type : R-3350-32WA Cyclone 18
Configuration : 18 cylindres en double étoiles
Refroidissement : air
Suralimentation : oui
Puissance normale au sol : 3450 ch.
Puissance à
Puissance au décollage
Equivalent puissance
Régime de l’hélice :
Alésage : 155,60 m
Course : 160,20 m
Cylindré totale : 54,56 litres
Taux de compression :
Hélice
Marque :
Type :
Nombre de pales :
Diamètre :
Couleurs des Marlin français :
(D’après Pierre Margeridon).
Les hydravions américains étaient peints en bleu foncé sauf le dessus en blanc. Pour des questions de protection des rayons du soleil, la marine française avait demandé à ce que les appareils soient peints en gris bleuté sauf le dessous des ailes et de la coque peints en blanc, mais finalement en Afrique il fut obligatoire de peindre le dessus en blanc, ce qui s’observe sur certaines photos.
Principales versions produites :
P5M-1 (P-5A) – Première production pour la marine des USA (160 construit).
P5M-1S (SP-5A) – Redésignation du P5M-1, avec amélioration de l'équipement électronique anti-sous-marin.
P5M-2 (P-5B) - C'était le deuxième modèle de production pour la marine des USA (115 construits).
P5M-1G – Redésignation de l'avion employé par le garde côtier des USA. (Sept utilisés)
P5M-2G – Redésignation de l'avion employé par le garde côtier des USA. (Quatre utilisés).
P5M-2S (SP-5B) - Redésignation de la plupart des P5M-2s après avoir été équipés de l'avionique avancée et d’équipements de détection anti-sous-marine améliorés.
SP-5 - SIGINT/ELINT version utilisée pour le recueil de renseignements et la guerre électronique au Vietnam.
© Jacques Moulin 2012.
Voir les cahiers de l’ARDHAN n° 5 de 2002 «Convoyages des "Marlin" (1959)» par Pierre Margeridon.