Les "Martinet" de la SNCAC (NC 701/702-Siebel 204) |
©Jacques Moulin 2011/2012.
Profils offerts par Olivier Beernaert.
Le NC 701/702 « Martinet » était un bimoteur qui trouve ses origines dans un avion allemand, le Siebel 204, bimoteur de liaison équipé de moteurs Argus AS 411 TA à hélices bipales, qui avait effectué son premier vol en 1941, le rôle principal qui lui était dévolu était le transport et la formation des équipages.
Afin de préserver les capacités de l'industrie aéronautique allemande pour des productions plus essentielles, sa fabrication avait été délocalisée en Tchécoslovaquie et en France, à Bourges, à la Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Centre (SNCAC). Après la Libération, les outillages toujours présents et utilisables, permirent la continuation immédiate de la production par la SNCAC, pour l’armée française qui en avait bien besoin.
NC 702 N° 325 du CEV de Bordeaux (Photo Fluet).
Le premier exemplaire "français" fut désigné NC.700. Cette désignation correspondait en fait à des appareils identiques aux appareils allemands, ils étaient alors prêts à être livrés à la Luftwaffe. Ces premiers numéros furent construits avec le matériel et les appareils de bord, compas, radio, etc., accessoires encore en stock (ces accessoires étaient d’origine allemande donc non renouvelables) puis sur les appareils suivants ils furent remplacés petit à petit suivant l’épuisement des stocks par du matériel français.
Les moteurs Argus équipant l’original étant disponibles en quantité très limitée, ils furent remplacés par des moteurs Renault 12S-00 (version du moteur Argus AS 411 TA, fabriqué en France, avec très peu de modifications sauf certains accessoires allemands devenus non disponibles) actionnant des hélices tripales Ratier et l’avion devint le NC.701 « Martinet » l’appareil conservant son nez entièrement vitré.
La version NC.702 construite ultérieurement se distingue du NC.701 par une cabine modifiée et un nez plein.
Un Siebel 204 renuméroté n°1005 lors de sa prise en en compte par l’Armée de l’Air. (Photo origine JC Mermet).
NC 701 en vol (Document constructeur) .
NC 702 (document constructeur).
Description
C'est un appareil de construction entièrement métallique en duralumin, comportant un train d'atterrissage escamotable en vol, commandé électro-hydrauliquement, et une roulette de queue. Les hélices sont du type Ratier à pas variable, l'essence est contenue dans quatre réservoirs d'une capacité totale de 1.140 litres.
La cabine de pilotage possède un vitrage formé à l'avant de deux glaces planes assurant une bonne visibilité; les glaces avant sont chauffantes pour éviter le givrage.
L'équipage est composé de deux pilotes placés côte-à-côte, l'un d'eux faisant fonction de radio. Celui-ci possède un siège à dos repliable permettant de faire face à l'émetteur radio fixé sur la cloison de séparation des cabines pilotes et passagers.
Tous les appareils de contrôle de vol sont groupés sur une planche de bord face au pilote principal. Les appareils de contrôle moteurs sont fixés sur une banquette centrale située entre les deux pilotes.
L'accès à la cabine pilote se fait par une porte capitonnée à double vantaux s'ouvrant dans la cabine passagers. Celle-ci est très spacieuse ; elle comprend huit sièges confortables capitonnés et disposés de chaque côté de l'allée centrale. En face de chaque siège se trouve une fenêtre par laquelle les passagers ont une bonne visibilité, tout en étant assis d'une façon confortable. Les deux sièges situés immédiatement derrière la cabine pilote sont placés contre le sens de vol. Tous les fauteuils sont pourvus de coussins élastiques renforcés, d'appui-bras, de ceintures ventrales. Le couloir du milieu permet la libre circulation de l'équipage et des passagers.
Cabine d'un Martinet avec, au milieu, l'appareil photo vertical, type Richard-Labrely Planiphote.( Archive Marcel Fluet).
Cabine d'un Martinet avec, à gauche, l'équipement radio "SARAM 3-11 situé derrière le co-pilote. (Archive Marcel Fluet).
Cette cabine est insonorisée et complètement tapissée.
Chaque passager dispose de pochettes situées dans le dossier du siège placé devant lui, d'une installation de réchauffage avec diffusion d'air chaud qui assure une chaleur intérieure convenable, même par une température extérieure atteignant - 20°C. Le réglage de la chaleur, par mélange d'air chaud et d'air frais, est obtenu par des obturateurs commandés du poste de pilotage. Une installation d'air frais est également prévue pour les cabines pilotes et passagers avec diffuseur à chaque siège.
La ventilation de la cabine s'effectue par un couloir de dépression à la partie supérieure de l'appareil ; son réglage se fait directement de la cabine passagers.
Une soute à bagages supplémentaire est aménagée dans le nez.
Il est possible d'accéder très facilement à toutes les pièces essentielles de l'appareil au moyen de portes de visite placées judicieusement, ce qui permet de vérifier très rapidement que le fonctionnement ne présente aucune défectuosité.
Un NC 701 de la Marine codé 4.S.15 (Archives Marcle Fluet-Lecerf) .
NC 701 du GLA 45 à Boufarik, l'appareil est de la version "de police coloniale"
armée avec deux (ou quatre?) mitrailleuses dans le nez..
Production :
Plus de 240 NC.701 et 110 NC.702 furent produits en France après la libération.
Dans ce total ne sont pas comptés les Siebel 204 capturés ou récupéré et livrés à l'Armée de l'Air qui furent remotorisés par la SNCAC.
Le Siebel 204 a également été produit en Tchécoslovaquie jusqu'en 1949 par Aero et CKD Praga sous la désignation C-3.
Un Siebel construit en Tchécoslovquie au couleurs Tchéques. remarquez l'hélice bipale et son système de variation de pas "Argus".
(Archives Štéphan Androvič )
NC 701 en AFN.
Carrière :
Les NC.701 et 702 furent employés par l'Armée de l'Air, tant en métropole que dans les colonies, pour de multiples fonctions : transport, observation, reconnaissance, évacuation sanitaire, entraînement, bombardement et même "gunship" dans sa version « police coloniale » avec des mitrailleuses de 7,5 mm montées aussi bien dans le nez qu’en sabord.
L’utilisation débuta en Indochine et continua naturellement en AFN, ils étaient utilisés à toutes les sauces, principalement pour la liaison, mais aussi parfois pour l’appui-feu.
Ils étaient évidemment aussi utilisés aussi bien en métropole qu’aux « colonies » comme appareils écoles.
Les derniers furent retirés du service en 1964.
Le CEV utilisa le NC.702 à partir de 1946.
L'Aéronautique Navale en utilisa 45 exemplaires pour l'entraînement et la liaison.
Le CRV, l'ONERA en utilisèrent ainsi plusieurs pour des essais divers tout comme les constructeurs SNCAC, SNCASE et SNECMA.
Un petit nombre termina sa carrière dans le civil, l'IGN en employant quelques-uns.
NC 702 en AFN.
Exportation
La compagnie polonaise LOT acheta six exemplaires pour la photographie aérienne, la Suède cinq pour le même usage. Enfin le Maroc en utilisa quelques exemplaires.
Il semble que bien peu de ces avions aient survécu à leur fin de carrière, un seul reste en France, propriété du Musée de l’Air, le NC 702 n° 282, est en cours de restauration à Toulouse, pour présentation statique.
Un appareil d’origine NC est conservé en Allemagne et un autre pourrait avoir survécu en Suède. Comme ces appareils ont aussi été construits en Tchécoslovaquie il semble qu’un appareil de cette origine soit conservé dans le musée de Prague-Kbely.
Le Martinet II ou NC 702 n°121 immatricualation civile F-BAOO (DR)
Caractéristiques des Martinet NC 701 et 702
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Siebel >> SNCAC
Équipage :
Missions : transport, école, liaison, photo aérienne.
Date du premier vol :
Constructions : Métallique
Dimensions
NC 701 NC 702
Envergure : 21,282 m 21,282 m
Longueur : 10,01m 12,81 m
Hauteur : 3,365 m 4,27 m
Surface alaire :
Charge allaire :
Masse
Masse à vide : 3745 kg 3985 m
Charge utile :
Masse totale en charge : 5600 kg 5600 kg
Performances :
Vitesse maxi : 350 km/h
Vitesse de croisière à 3000 m : 310 km/h 318 km/h
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie :
Plafond pratique : 7100 m 7000 m
Distance franchissable : 1200 km 1200 km
Altitude de croisière :
Distance de décollage au poids max : 350 m 350 m
Communication radio :
Poste Saram modèle 3-11
Moteur
Marque : Argus >> Renault>> SNECMA
Nombre : 2
Type : AS 411 TA.1 >> 12 S.00
Configuration : 12 cylindres en V inversé à 60°
Refroidissement : Air
Suralimentation : oui, centrifuge à entrainement élastique rétablissant à 2400 m.
Puissance à 600 m : 600 ch.
Puissance au décollage : 580 ch.
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice : 1770/1890 t/mn
Alésage : 105 mm
Course : 115 mm
Cylindré totale : 12 litres
Taux de compression : 6,4
Hélice (moteur 12 S.00)
Marque : Ratier
Type : à pas variable par commande électrique
Nombre de pales : 3
Diamètre :
Le NC 701 n° 8 modifié pour des essais de déclenchement de mines magnétiques.
© Jacques Moulin 2011.
Nous avons utilisé pour ce travail les articles publiés dans le Trait d’Union n° 34 de mars 1974 et suivants par Jean-Pierre Dubois, ainsi que ceux écrits par Jean Noel dans Aviation Magazine il y a fort longtemps.
Un livre sur cet appareil reste à écrire.
Un petit film amateur muet de 9,5 mm transformé en vidéo avec des appareils en vol:
http://memoire.ciclic.fr/1511-bourges-en-avion
Document extrait de la notice technique sur ces appareils. (Collection SLHADA)
Un NC 702 BZ-14 Bizerte 1958 (Collection Fluet)
Moteurs
Document extrait de la notice technique.
Type : Renault 12S-00 (version du moteur Argus AS 411 TA, fabriqué en France, avec très peu de modification sauf le remplacement de certains accessoires allemands non disponibles)
NC 702 n° 282 (Photo Claude Petit).