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16 octobre 2011 7 16 /10 /octobre /2011 09:40

Chroniques

- Souvenirs d'un PER.  (Suite n°2 et fin)

 

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9. Les "P’TlTS BONHEURS d’un P.E.R. en détachement.

 

Avec le sergent-chef Avinens, chef de patrouille, nous sommes deux T6, envoyés pour une semaine sur le terrain de Tiaret - Bou Chekiff (1050 m d’altitude et à 100 km a vol d’oiseau au sud de Orléansville NDLR). Je suis un habité de ce détachement, car les officiers de la 14/72 préfèrent en cette saison, le casernement en dur plus confortable, et là piscine et la hase, à la vie à l'extérieur. J'ai, pour ma part, choisi l'inconfort du lit Picaud et le logement sous la tente, plutôt que le luxe relatif d'une chambre d'hôtel et d'un repas du soir au restaurant en ville. Je vis donc sur le terrain, dans ma tente, au milieu des "biffins" qui ont construit les installations de la hase et qui en assurent la sécurité. Et depuis que j'ai pris une cuite mémorable avec le caporal-chef qui gère le mess des sous-officiers, lors d'un séjour précédent, à l'occasion de la commémoration de Cameron (fête annuelle de la légion), j'ai mes habitudes en ce lieu, avec des "potes".

De plus, cela me confère le privilège d'effectuer la première mission du matin, décollage aux premières lueurs de l’aube et la dernière mission de l’après-midi, atterrissage dans la demi-obscurité, alors que les lumières de la hase s'allument    Un régal !!! Ces vols qui consistent surtout à afficher notre présence au dessus des zones quasi désertiques, donc incontrôlées, surtout à ces heures, se déroulent calmement la plupart du temps, aux moments les moins chauds de la journée, et vu la saison,…c'est appréciable. De plus je profite de la découverte des paysages fantastiques de ces montagnes qui bordent te désert et des changements de couleurs étonnants du relief, allant du violet sombre au jaune aveuglant, en passant par toutes les nuances du bleu et de la pourpre. Ce spectacle accompagne chaque jour, le lever et le coucher du soleil. Merveilleux !!!

Bref; à Bou Cheriff, j'étais un PER,  "HEU…REUX".

 

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  Une photo d'un Bell 47.

 

10. Baptême de l’Air en Hélicoptère.

 

Le terrain de Tiaret est situe sur un plateau désert, qui domine la plaine, en contrebas, à une dizaine de kilomètres de la ville et à 1000 m d'altitude environ la route reliant Tiaret à Aflou longe la base au nord, et amorce une brusque descente, en arrivant en bordure du plateau où elle disparaît un moment à la vue. Sur la base, stationne en permanence, un hélicoptère Bell 47 G2 qui effectue les évacuations sanitaires et le transport des V.I.P. Son pilote, le sergent Sauvadet, et son mécanicien logent sur place, en alerte permanente, sous la tente.

Chaque matin, le Bell est sorti de son hangar, et après les vérifications d'usage, il est déplacé en vol vers son aire de stationnement, à l'autre bout de l’immense parking .Chaque soir, le déplacement en sens inverse est effectué et le pilote, sympa, offre à cette occasion, un baptême de l’air, à tous ceux qui en font la demande. C'est ainsi qu'un soir je profite du vol retour vers le hangar pour faire mon premier vol en hélico :.. Ça s'arrose !

Après la mise en route du moteur et les actions vitales, nous décollons du parking pour faire le tour de la base. Le pilote enfile la route vers l'ouest, à 2 mètres de hauteur…. mais au moment où nous arrivons à la limite du plateau, nous nous trouvons nez à nez avec une camionnette lourdement chargée qui finit de monter péniblement la longue côte en sens inverse. Le chauffeur indigène, surpris de constater qu'il n'était pas le seul à emprunter cette route, surtout à cette heure tardive, et paniqué (il y a de quoi), braque son volant et le véhicule emprunte le fosse heureusement peu profond à cet endroit, et s'arrête dans un grand nuage de poussière. Nous terminons notre vol et nous rangeons l’hélicoptère dans son hangar. En regagnant les baraquements nous apercevons entre 2 bâtiments, les passagers qui poussent à l'arrière et qui réussissent à dégager le véhicule. Puis ils grimpent en voltige dans la cabine et l'ensemble s éloigne sans demander son reste Nous aussi !

 

On faisait décidemment de drôles de rencontres, sur tes routes de là région, à cette époque !

 

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11. Joyeux Noël 1958.

 

Chaque fin d'année, le GALA n°2 d'Oran organisait une "mission ravitaillement" vers Gibraltar, avec un Nord 2501 qui revenait rempli à ras bord de " liquides" principalement. Les caisses étaient ensuite redistribuées dans toutes les escadrilles par la "Julie"* qui faisait sa tournée mensuelle, à cette occasion. Noël fut donc bien "humide", cette année encore.

Après un réveillon particulièrement "arrosé" au mess, et comme il nous restait encore pas mal "munitions" (plusieurs bouteilles de whisky). Nous avons décidé d'en faire profiter les malheureuses sentinelles que le sort avait désignées pour assurer la garde de la base en cette douce "nuit de la nativité".

Bien que passablement "chargé", j'ai donc pris le volant du 4x4 des mécaniciens de piste, et assisté de quelques volontaires, j'ai fait le tour des postes de garde, offrant ce "nectar réchauffent", à mes camarades reconnaissants. Comme à chaque halte nous "trinquions" avec chacun, le retenir a été assez hasardeux, mais nous sommes quand même parvenus à regagner nos quartiers. Seulement voilà... j'étais d'alerte le lendemain 25 décembre.

Malgré un réveil difficile, et une toilette sommaire, j’ai réussi à me hisser dans le 1er avion, à démarrer le moteur, et effectuer la P.P.V* qui je dois l'avouer s'est faite dans un ballet diabolique de cadrans innombrables et mouvants, d'aiguilles affolées et virevoltantes... J'en avais le tournis.

Néanmoins, tout était OK. C'est en tous cas ce qu’il m'a semblé... J'ai ensuite passé le relais, après le 2ème avion, à un camarade compatissant qui était venu me rejoindre. Puis j'ai regagné cahin-caha ma chambre où je suis resté en Q.G.O.* toute la journée,

Le lendemain, à peu près remis de cette "odyssée", une opération de bombardement était prévue. Je me souviens, qu'en accrochant, avec l'aide des armuriers, les bombes de 50 kg sous les ailes des T6, nous avons peint l'inscription "Joyeux Noël", sur les projectiles.

 

Joyeux Noël à vous aussi !

 

 

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La Julie  ou   Ju 52/AAC1 en vol.

 

* Julie :                       JU 52, ou AAC-1 - Appareil militaire de transport trimoteur, a train fixe de conception allemande (Junkers) construit en France par les Ateliers Aéronautique de Colombe, très utilisé à cette époque aussi bien pour le transport que pour les parachutages. (Voir la page qui lui est consacré).

* P.P.V.          :           Préparation Pré-Vol.

* Q.G.O.        :           Indisponible.

 

 

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Epilogue.

 

A notre départ de Thiersville, en décembre 1958, Claude PINEAU regagnera la Métropole et continuera à voler dans le cadre de son engagement volontaire dans les réserves, à l’ERALA 00/037 de Villacoublay, d'avril 1960 à décembre 1963. Il effectuera 138,55 heures de vol sur Sipa 12, puis sur T 6 et T 28. Parallèlement à une carrière d'ingénieur, il deviendra Champion de France de Voltige Aérienne et sera même sélectionné pour les Championnats du monde de cette discipline, en 1967.

Pour ma part j'intégrerai l'ERALA 1/40, à Alger, après un engagement de 6 mois supplémentaires. Revenu ensuite à la vie civile, comme instituteur, je poursuivrai mon activité dans cette escadrille, encadrée par des personnels d'active, et constituée en grande partie par les réservistes de l'armée de l'air de la région d'Alger. En tant que rappelé dans le cadre du "maintien de l'ordre", jusqu’en février 1962. J'y effectuerai 236 heures de vol en 104 missions, de décembre 1958 à février 1962, date de dissolution des E.RALA d'A.F.N.

Louis Cocherel, quittera la 14/72, commandée alors par le Lieutenant Jeanjean* en mars 1959. Il regagnera la Métropole et il intégrera par la suite la Société Citroën, ou il effectuera toute sa carrière.

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Pour terminer, Je voudrais rendre un hommage particulier, à tous ceux qui ont laissé leur vie le bas, notamment à ceux de mes camarades qui sont morts à 20 ans, … pour RIEN.

Je voudrais également remercier tous ceux qui ont participé à cette "Histoire", surtout "les obscurs, les sans grade", volontaires ou nom pour effectuer leur service militaire en Algérie. Ils nous ont permis, grâce à leur travail, leur courage et leur dévouement, de traverser, sans trop de dommages apparents, cette "Aventure".

 

 

 

Décembre 2009.

 

 

* Plutôt le Ltt Claude Becquet, le Ltt Jeanjean ne semble pas avoir commandé l’unité, peut-être un cours moment a titre temporaire  (NDLR).

 

 

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  • Avions de la Guerre d'Algérie
  • Déjà ancien dans l'histoire de l'Aviation, j'ai écrit de nombreux article dans diverses revues depuis 1968 et publié trois livres, un sur les autogires, un sur le Loire 45/46 et un sur le Bloch 174 ces deux derniers livres sont épuisés).
  • Déjà ancien dans l'histoire de l'Aviation, j'ai écrit de nombreux article dans diverses revues depuis 1968 et publié trois livres, un sur les autogires, un sur le Loire 45/46 et un sur le Bloch 174 ces deux derniers livres sont épuisés).

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