Les Curtiss H-75 en école en 1943-1945 |
© Jacques Moulin 2013.
Profil offert gracieusement par son auteur Jacques Davy
Très rare photo couleur d’un H-75 A2 n° 126 prise à Bourges en 1940 par un soldat allemand.
Les Curtiss, H-75 C-1 dans la dénomination française et P-36 dans la dénomination US, était un chasseur acheté aux USA en 1938 et livré en nombre avant la défaite de juin 40. Ces avions, utilisés en opération contre l’assaillant allemand, firent une guerre très correcte, bien que leur vitesse soit inférieure de presque cent kilomètres à l’heure au Me-109… Et, bien que mal armé, il avait un rayon de virage meilleur que tous les autres monomoteurs utilisés.
Ces appareils, très appréciés par les pilotes, furent transférés en grand nombre en AFN lors de la débâcle de juin 40 et ils furent remis en ligne dans les unités basées au Maroc pour « protéger » le territoire des colonies françaises d’AFN contre les risques d’invasion.
Curtiss en vol au Maroc en 1943-1944 (ECPA)
Effectivement, lors du débarquement des Alliés (opération « Torch ») en novembre 1942, ces unités combattirent les Américains et perdirent des pilotes et des appareils, puis après la fin des combats, les unités équipées de H-75 furent rééquipées avec des appareils plus modernes.
Les appareils survivants furent alors reversés à des écoles qui venaient de s’organiser pour la formation des nombreux pilotes présents en AFN et qui possédaient des formations diverses.
Deux principales écoles furent organisées à Kasba-Tadla et Meknès, tous les appareils écoles furent regroupés sur ces bases et les H-75 furent destinés à la transformation des pilotes sur des monoplaces (presque) modernes.
Meknès n'était pas seulement un CIC (Centre d'Instruction de la Chasse) mais également un « dépôt » où il fallait faire voler des pilotes attendant leur affectation à une unité opérationnelle. En fin 1943 il y avait une quinzaine de Curtiss en permanence sur chacune de ces bases (voir listes des appareils présents au Maroc en 1943-1944).
En outre quelques H-75 furent affectés provisoirement à des unités de combat en cours de formation pour l’entrainement des pilotes, surtout dans les groupes de bombardement, trop démunis pour assurer convenablement l'entraînement de leurs pilotes. Ce fut le cas par exemple du GB II/62, qui disposait de cinq de ces avions en août 1943, ou du I/32.
Décollage d’une patrouille de H-75 à Meknès (ECPA)
En fin 1943 l'Armée de l'Air disposait encore d'environ 80 H-75, dont 8 qui avaient pu être récupérés à la Martinique (exemple : le « Wright » n° 83), mais le nombre d'avions réellement disponibles diminuait rapidement par attrition. A partir de l'été 1944 le type ne demeura en service qu'à Kasba-Tadla. En août de cette année l'école en possédait 21, qui étaient censés effectuer chacun 20 heures de vol mensuelles.
Malheureusement les cellules étaient très fatiguées et les rechanges inexistantes; dès lors le problème de leur remplacement se posait de façon aiguë, en effet le nombre d’appareils devenait insuffisant pour la fonction école. C’est à ce moment que les écoles se mirent à récupérer tous les avions US ou britanniques présents dans les dépôts en AFN, certains abandonnés lors du remplacement par des appareils plus modernes, ou accidentés, ce fut le cas de nombreux Hurricane et Spitfire.
Parallèlement certains appareils furent affectés dans les unités opérationnelles
Curtiss H-75 A2 C1 n° 192, Le Luc 1940 (Photo Faroux)
Dès août 1943 deux H-75 furent affectés à la Section de Liaisons Aériennes (SLA) de Boufarik, pour servir aux déplacements rapides d'officiers d'état-major anciens chasseurs. Il y en avait trois en avril-mai 1944 et quatre à la fin de la même année. Quelques-uns furent mis également à la disposition des cadres de certains groupes de chasse. C'est ainsi que l'on expédia en France en fin 1944 pour le Groupe « Patrie » qui combattait pour la libération des poches de l’Atlantique.
Il en resta quelques-uns à Meknès après le retrait officiel des H-75 du CIC : des « avions de chefs ! » La SLA de Boufarik en possédait encore un bien après la fin des hostilités puisque le n° 135 y volait (et fut cassé) en fin 1946. Il est intéressant de signaler que cet avion était encore capable de recevoir un armement.
Un élève monte à bord d’un Curtiss au Maroc 1943-1944.
Après la guerre les « Hawk » survivants furent affectés à la base-école de Cazaux (entraînement au tir et au bombardement, formation de moniteurs, entre autres fonctions) où ils armèrent la 4èmeescadrille. Cette escadrille disposait d’une dotation théorique de 10 appareils mais en fait elle en possédait généralement beaucoup plus (21 durant tout 1948). Peu utilisés durant l’année 1948, ils connurent une flambée d'activité en 1949, probablement lorsque l'on apprit l'intention du commandement de les retirer du service le 1erjuillet 1949 : ils effectuèrent en effet presque 1 200 heures de vol en huit mois, n'étant interdits que durant août, puis officiellement réformés en novembre.
H-75 en vol, probablement en AFN.
Le dernier « état » de ces avions que nous avons trouvé est daté du 16 avril 1949; il mentionne l'existence de 23 H-75A, dont 20 à Cazaux. Hélas aucun exemplaire de ce chasseur, si fameux en 1939-1940, ne survécut en France, même seulement pour une exposition statique, mais récemment la récupération d’une épave française permit la reconstruction d’un appareil qui vole en Grande-Bretagne et vient assez souvent en France...
L'appareil reconstitué à partir d'une épave et qui vol depuis peu et qui est frequement présenté en meeting.
Liste de numéros connus et volants au Maroc de 1943 à 1946
N° 1, 6, 9, 37, 39, 41, 43, 47, 51, 53, 55, 56, 64, 83, 84, 90, 97, 132, 133, 135, 137, 139, 160, 164, 183, 193, 195, 198, 203, 209, 242, 248, 249, 269, 273, 288, 306, 309, 316, 321, 322, 326, 327, 330, 371.
Réalisé d’après les publications connues et les carnets de vol d’Henri Cherrier et Pierre Leyvastre .
H-75 école au Maroc
Caractéristiques
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Curtiss
Équipage : 1
Missions : Chasse
Date du premier vol :
Constructions :
Dimensions
Envergure : 11,367 m
Longueur : 8,793 m
Hauteur au Sol : 2,705 m
Surface alaire : 21,92 m²
Charge allaire :
Masse
Masse à vide : 2 138 kg
Charge utile : 521 kg
Masse totale en charge : 2 659 kg
Performances :
Vitesse maxi à 4000 m : 487 km/h.
Vitesse de croisière :
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie :
Plafond pratique : 9 700 m
Distance franchissable :
Altitude de croisière :
Rayon d’action :
Armement :
Fixe : 4 mitrailleuses FN modèle 1938 de calibre 7,5 mm
Externe : 10 bombes de 10 kg sous voilure (rarement utilisées)
Communication radio :
Poste Radio industrie RI 537
Moteur
Marque : Pratt et Whitney
Nombre : 1
Type : R 1830- SC3G Twin Wasp
Configuration : 14 cylindres double étoile
Refroidissement : air
Suralimentation : compresseur centrifuge
Puissance normale : 900 ch
Puissance maxi : 1 050 ch
Puissance au décollage : 750 ch
Régime de l’hélice : 2/3
Alésage : 139,5 mm
Course : 139,6 mm
Cylindré totale : 30 litres
Taux de compression : 6,7
Poids à sec : 637 kg
Diamètre : 1,222 m
Longueur : 1,505 m
Carburant : 87 ° octane
Hélice
Marque : Curtiss Electric
Type : C-532D
Nombre de pales : 3
Diamètre : 3,048 m
© Jacques Moulin 2013.
Une grande partie de cet article provient du livre Curtiss Hawk 75, par Jean Cuny et Gérard Beauchamp, Editions Larivière, collection Docavia 1985.
Curtiss se prépare à décoller avec son élève.
Pour mémoire :
Liste des appareils commandés par la France en 1938-39
Cde type et quantité N° France N° constructeur c/n
100 H75A-1 H75 n° 1 à 100 12798 à 12897
100 H75A-2 H75 n° 101 à 200 12932 à 13031
135 H75A-3 H75 n°201 à 335 13674 à 13805
285 H75A-4 H75 n°1 à 285 13806 à 14090
Autres photos
Un élève monte dans son Curtiss à Meknès 43-44.
Le Curtiss H-75A-2 n° 177
Un H-75 peut-être pendant la campagne de France mai/juin 1940
Patrouille de deux H-75 en vol au Maroc après 1942.
Un appareil apparemment neuf en 1939.