Caudron-Renault
C-635 M « Simoun ».
© Jacques Moulin 2013
Bien sur tout le monde connait ce magnifique appareil, de l’avant-guerre qui fut utilisé aussi bien par les civils, les militaires et des amateurs de raids qui étaient parmi les meilleurs aviateurs français notamment Doret, Saint Exupéry, Maryse Hilsz, Maryse Bastié ou André Japy. Mais peu de monde savent qu’un petit nombre de "Simoun" fut utilisé par les militaires français jusqu’à (au moins) 1949.
Caudron C.635 Simoun de l’école de Meknès vers 48/49. (Photo Robert Biancotti)
Le Simoun fut le premier avion de grand tourisme capable d'atteindre 300 km/h. Avec son moteur Renault et son hélice Ratier bipales à pas variable grâce à un système à vessie qui commandait la régulation du pas de l’hélice, une grande nouveauté pour l’époque sur un avion civil. Cela faisait du Simoun un appareil particulièrement fiable et performant.
En 1933 est créé la Compagnie Air Bleu prévu pour le transport de courrier avec des Simoun C-630 plus de 6 appareils furent utilisés par la compagnie.
Devant les bons résultats de l’avion les militaires décident qu’il ferait un bon avion de liaison rapide, aussi bien pour l’Armée de l’Air que pour la Marine. Comme on peut le penser, cela ne fut pas facile de nombreuses demande de modifications, parfois contradictoires, furent demandées cela entraina évidemment une augmentation de poids et de cout…
Le célèbre C.633 SIMOUN 7090/10 (7090 numéro Caudron c’est le 7090 appareil construit par la firme tout type confondu et n° 10 dixième appareils du type) F-ANXM du célèbre pilote Doret avec son marquage jaune et rouge, qu’il peindra sur tous ces appareils. C’est sur cet appareil que Doret et Micheletti tentèrent de rejoindre Tokyo.
De 1935 à 1936, 110 Simoun C-635 sont commandés par l'Armée de l'air pour servir d'avion de liaison et d'entraînement, l’appareil est notamment équipé d’hélices à pas variable électriquement de Ratier, un procédé a peine utilisé sur les avions d’armes.
Par la suite plusieurs autres commandes furent passées. Sur les 650 appareils militaires C-635 M commandés, un peu plus de 500 auraient été produits avant mai 1940. Ce sont les survivants de cette commande qui seront utilisé après-guerre par l’Armée de l’Air pour diverses taches de liaison. L'Aéronautique navale en reçut de son côté 32 exemplaires il ne semble pas qu’ils aient survécu à la guerre.
Pendant l’occupation, les allemands récupérèrent un certain nombre de Simoun pour leur utilisation de liaison, certains furent cédés à leurs alliés.
Certain Simoun servirent aussi dans la RAF puis dans les FAFL la plupart étaient des avions qui avaient servis à des aviateurs pour rejoindre la France Libre.
Une petite quarantaine de Simoun survécurent à la guerre pas toujours en très bon état et certains purent être remis en service, il semble confirmé que les dernier appareils (probablement ceux de Meknès) furent reformés à la fin toute fin des années 40 mais au plus tôt en 1949.
Un Simoun de remorquage de cible à Istres en 1939 (Bandes de signalisation blanches et rouge autour des ailes et du fuselage) au deuxième plan un Caudron Goéland(Archives Thierry Matra)
Conçus par Marcel Riffard, les Simoun étaient dérivés économiques des C.360 et 362 de la coupe Deutsch. C’était un quadriplace de grand tourisme à cabine fermée aérodynamique et moderne, même si le train était fixe et carénée.
L’appareil est connu sous l'appellation C-630, fut seul produit en série en vingt exemplaires. La version finale du Simoun, produite avec la précédente à plus de cinq cent exemplaires, est le C-635 avec voilure en dièdre de 4° sur l'extrados et équipé du Bengali 6 cylindres de 220 ch. Les quatre places sont disposé deux à l’avant pour permette le pilotage côte à côte, les deux passagers sont en arrière décalé l’un par rapport à l’autre.
Deux Simoun n° 226 et 334 le premier appareil avec un camouflage sommaire vu a Salon de Provence en 1939. (DR)
De construction très classique, les Simoun étaient essentiellement construit en bois revêtu de contreplaqué aviation en bouleau, les volets sont entoilés. Il sont équipés d’un train d’atterrissage fixe pantalonné, et une hélice à pas variable. Ces perfectionnement en faisait un appareil à la fois moderne et aussi classique, sa vitesse venait en partis de sa parfaite (pour l’époque) forme particulièrement affinée étudiée par le célèbre aérodynamicien Marcel Riffard.
Ce type de construction alliait la facilité de construction et de réparation, avec une certaine fragilité, les appareils résistaient mal au stockage.
Très utilisé par les militaires avant, et pendant la guerre ces appareils construit en bois étaient fragile mais facile à réparés. Souvent les capotages des roues seront ôtés partiellement ou en totalité car leur utilisation sur des terrains caillouteux et boueux bloquaient parfois les roues, provoquant des accidents.
Le C.635 n°257, cet appareil apparu en Angleterre en 1940, peut-être suite a des évasion depuis la France, sera révisé par Miles Aircraft avant d’être remis au FAFL, vu ici à Rayack au Liban fin 1943 ou début 1944, les deux pilotes sont Henri Cherrier (en short) et Georges Porte. (Archives Cherrier).
Ces appareils servirent principalement pour la liaison et l’entrainement.
Pendant l’occupation dix Simoun sont indiqué comme ayant fui vers l’Angleterre, d’autre sont noté comme ayant fui la France occupé vers l’AFN un échouera et se posera au Portugal, l’avion sera après-guerre remis à la France.
Plusieurs de ces appareils qui avaient servi pour des évasions vers l’Angleterre ou vers Gibraltar seront remis en état par les britanniques et plusieurs furent reversés par la suite par les FAFL .
Le C.635 n° 324 / 8309 (T.855), cet appareil survivra sera stocké à Oran en 1941, puis sera utilisé a Colomb-Béchar en 1943 puis au SLA de Boufarik en 1944 puis ELA 47 de 1946 à 1948.
Utilisation après-guerre.
D’après Édouard Mihaly 296 appareils auraient été recensé en AFN en aout 1940, (cette quantité me semble très exagéré) dont un certain nombre à remettre en état, il semble que ces avions aient été stocké partout en AFN et en particulier à l’AIA d’Alger Maison-Blanche, certaine ne seront jamais remis en état. Et seulement une petite quarantaine survécue à la guerre.
Les appareils remis en service servirons essentiellement an AFN, pour des liaisons et l’entrainement, essentiellement au Maroc.
En 1949 a l’école de Meknès un Spitfire et un Simoun survivant. (Photo Guinet).
C.635 n°241 de l’Ecole d’Ambérieu en Bugey en vol probablement au-dessus du Bugey en 1939. (Archives SLHADA
Il reste deux Simoun, un au MAE en fait un C-635 interné au Portugal pendant la Guerre et rendu après, il est aux couleurs d’un C-630 d’Air Bleu, et un le F-AZBO (C-635 n°342 ex F-DADY) appartenant a un particulier actuellement en cours de remise en état et qui pourrait revoler dans un avenir certainement pas très proche, le moteur étant difficilement réparable.
Le dernier appareil en état de vol le F-AZAM était basé à Roanne (Loire) et il a disparu dans un accident avec son propriétaire Albert Prost en 2002.
Caractéristiques des C.635 "Simoun".
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés).
Constructeur : Caudron Renault
Équipage : 2+2
Missions : Liaison
Date du premier vol : 1934
Constructions : Bois
Total construit : (version 635 M) 510 /640.
Dimensions
Envergure : 10,40 m
Longueur : 9,155 m
Hauteur : 2,28 m
Surface alaire : 16 m²
Charge allaire : 98 kg/ m²
Masse
Masse à vide équipé : de 952 à 1000 kg
Charge utile :
Masse totale en charge : de 1370 à 1530 kg
Performances :
Vitesse maxi : 320 km/h
Vitesse de croisière : 275 km/h
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie : 4 h
Plafond : 7300 m
Distance franchissable :
Altitude de croisière :
Rayon d’action :
Vitesse d’atterrissage :140 km/h
Communication radio :
Moteur
Marque : Renault
Nombre :
Type : Bengali 6Q-01 ou 6Q-09
Configuration : 6 cylindres en ligne inversé
Refroidissement : air
Suralimentation : sans
Puissance normale au sol : 220 ch
Puissance au décollage : 240 ch
Puissance à 2000 m : 220 ch
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice : 2500 t/mn sans réducteur.
Alésage : 120 mm
Course : 140 mm
Cylindré totale : 9,50 litres
Taux de compression : 6.5 :1
Hélice
Marque : Ratier
Type : 1489 ou 1559 métallique à pas variable électriquement
Nombre de pales : 2
Diamètre :
Un des C.630 7011/2 (7011 numéro Caudron) c’est le 7011ème appareil construit par la firme tout type confondu et le deuxième appareils du type) (F-ANRI) utilisé par Air Bleu pour le transport du courrier en France, remarquez les volets persienne sur les côtés du capot moteur.
Un C.635 aux couleurs allemandes (Archives Giraud)
© Jacques Moulin 2013
Deux ouvrages assez complémentaires retracent (assez sommairement) l’histoire de ces appareils :
- « Caudron C-620 ~ C.635 Simoun » Par Patrick Marchand et Junko Takamori Edition Indochine 2011
- « Caudron Renault C-635 Simoun » par Edouard Mihaly Avia Editions 2006.
(Ces deux éditeurs ont hélas disparus).
Autres photos
Un C.635 avec un camouflage sommaire type commun en 1939.
Un C.635 non identifié probablement après-guerre (cocarde cerclée) remarquez l’absence de capotage de roues et le prénom « Guy » sur l’avant.
Le C.635 n°14/7371 (14 est le n° militaire et 7371 le numéro Caudron) à Blida en 1939 sera réformé en février 1942 à Alger.
Le C.635 n° 7835 F-BABP (Archives Faury) .
Un C.635 militaire avec bandes tricolore autour des ailes, remarquez une partie de l’immatriculation militaire sous l’aile gauche on lit 58 pour T.X58.
C.635 n°234 T.765 peut-être à Istres en 1940 l’appareil était affecté au GC 1/3.
Deux photos d'un Simoun F-APMT de la poste de Madagascar. Le même appareil n° 7517 de la poste de Madagascar.
Le C.635 n° 324 / 8309 (T.855), cet appareil survivra sera stocké à Oran en 1941, puis sera utilisé a Colomb-Béchar en 1943 puis SLA de Boufarik en 1944 puis ELA 47 de 1946 à 1948, au roulage probablement avant-guerre à Bron.
C.635 n°189 à Bron en 1939. (Archives SLHADA)
Simoun du Colonel Jamin en visite à Bron en mars 1939 (Archives SLHADA)
C 635 n° 205 accidenté probablement à Ambérieu, sera réparé et en 1942 sera saisi par les occupants (Archives SLHADA)