© Jacques Moulin 2009
Profils offert gracieusement par son auteur Jacques Davy
B-26 N Invader ECN 1/71 - Bône Les Salines (Algérie) – 1962.
Profils mis gracieusement à notre disposition par Patrice Gaubert.
Le Douglas A-26 "Invader" (qui devint par un changement de dénomination de l'USAF, B-26 entre 1948 et son retrait en 1965) était un bombardier léger bimoteur construit par Douglas Aircraft et destiné a l'atatque ( d'ou A-26).
Il avait participé à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à la guerre de Corée et à la guerre d'Indochine. Il n'est donc pas étonnant que pour être en mesure d'assurer pleinement les missions qui lui incombent en Afrique du Nord, l'Armée de l'Air française ait décidé de se doter à l'automne 1956 de deux groupes de bombardement équipés de Douglas B-26, appareils alors disponibles sur le marché des surplus américains depuis la fin de la guerre de Corée.
Le 1er septembre 1956, le Groupe de Bombardement 1/91 "Gascogne" est créé, suivi trois mois plus tard par le GB 2/91 "Guyenne".
Le "Guyenne" s'est installé sur la base aérienne d'Oran-La Sénia alors que le "Gascogne" s'implantait dans l'Est Algérien, à Bône Les Salines.
Durant la guerre d'Indochine, trois groupes de bombardement dotés de B-26 ont déjà pris part aux combats, notamment à la bataille de Diên-Biên-Phû durant le premier semestre 1954.
Il s'agissait des GB 1/19 "Gascogne", 1/25 "Tunisie" puis du 1/91 "Maroc", ce dernier n'ayant pratiquement pas été engagé du fait de sa création tardive.
Lors de sa conception le Douglas B-26 Invader était un bombardier d'assaut bimoteur à train tricycle, qu'il ne faut pas confondre avec le Martin B-26 "Marauder", utilisé par de nombreux groupes de bombardement français à la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur lequel s'illustrèrent de nombreux équipages des Forces Aériennes Françaises.
Durant la guerre d'Algérie, trois versions équipent les deux groupes :
- Le B-26 B « Straffer » est conçu pour l'attaque au sol, avec douze ou quatorze mitrailleuses de 12,7 mm dans le nez et dans les ailes.
- Le B-26 C « Leader », au nez vitré, est une version de bombardement en vol horizontal muni d'un viseur à synchronisation Norden, utilisable uniquement par ciel clair et bonne visibilité. Il est armé de six mitrailleuses de 12,7 mm dans les ailes.
Ces deux versions comportent également une à deux tourelles arrières, portant chacune deux mitrailleuses jumelées de même calibre, très utiles pour rendre l'avion moins vulnérable lors de passes de tir à basse altitude. Ils peuvent emporter deux tonnes de bombes dans la soute, ainsi que huit roquettes sous les plans.
- Une troisième version, le RB-26, est destinée à la reconnaissance photographique.
- Le B-26 "Reco" emporte dans le nez vitré et dans sa soute une batterie d'appareils de photographie aérienne pour des prises de vues verticales, latérales et obliques. Il peut, en outre, être armé de quatre mitrailleuses sous les plans. Administrativement, les B-26 "Reco" sont regroupés au sein d'une escadrille baptisée 1/32 "Armagnac".
En pratique, quatre appareils de ce type s'ajoutent aux seize bombardiers dont sont déjà dotés chacun des deux groupes de bombardement.
Un B-26 du groupe Gascogne les pieds dans l'eau, probablement à Bône Les Salines. (DR).
La vitesse opérationnelle réelle du B-26 varie de 350 à 500 km/h, suivant les régimes adoptés et les chargements. Équipé de ses réservoirs normaux (900 gallons, environ 3.500 litres), il possède en vol en formation un rayon d'action tactique de 600 kilomètres, compte tenu du rassemblement de vingt minutes au régime de combat sur l'objectif et d'une marge de sécurité pour l'atterrissage.
En avion isolé et en régime économique, le B-26 peut intervenir jusqu'à 800 kilomètres de sa base, à condition qu'on ne lui demande pas de patienter sur l'objectif.
Le terrain de Bône Les Salines avec une belle série de A/B 26 "Invader"
(photo Pierre-Fernand Lacroix).
Il est équipé de deux moteurs Pratt & Whitney R 2800 de 2.000 chevaux avec des hélices Hamilton Standard Hydromatic, tri-pales, à vitesse constante. Grâce à ses ailes à profil laminaire, le B-26 atteint de grandes vitesses en piqué : environ 684 km/h.
Un B-26 C Invader à Télergma.
Durant la guerre d'Algérie, la première opération dans laquelle un nombre important de B-26 ont été mis en œuvre s'est déroulée le 15 mars 1957 dans le Nord-Constantinois, où douze appareils sont intervenus dans la forêt de Movis afin de détruire des mechtas abritant des moudjahidines et leur chef.
Les B-26 seront par la suite de tous les combats, des sables de la région de Timimoun au nord du Sahara, jusqu'au delà de la frontière algéro-tunisienne où ils interviendront le 8 février 1958, lors du célèbre raid de Sakhiet (village côté Tunisien), qui aura un retentissement international.
Deux vue du poste de pilotage d' "Invader" (un seul pilote à gauche, à droite se trouvait le navigateur).
Le premier correspond à un appareil utilisé en Indochine à nez plein.
Le deuxième est un appareil utilisé en AFN avec le nez vitré.
Un A/B 26 B armé, en train de larguer ses bombes,
les 8 mitrailleuses de 12,7 sont bien visibles.
(Photo René Fronteau).
Le bon rapport puissance/masse lui donne une vitesse ascensionnelle élevée qui, jointe à une excellente maniabilité, lui permet de faire jeu égal en combat avec les chasseurs à hélice de sa génération.
Ses deux missions principales sont le bombardement horizontal qui s'exécute selon des règles strictes, et l'assaut dans lequel il excellera en Algérie grâce à son blindage, la variété de son armement et la quantité des mitrailleuses, même si son poids (15 tonnes en charge) lui fait perdre rapidement de sa vitesse au cours des ressources.
A l'Escadron de Reconnaissance Photo ERP 01/032 "Armagnac" un des R/B-26 "'Invader" spécial reconnaissance photo utilisé par la France en AFN. C'est le départ pour une mission, le navigateur à gauche monte dans sa cabine et au sol le pilote lit un doc que lui présente le mécanicien de bord, à droite, le photographe de bord et au sol l'appareil photo d'origine américaine. (Photo collection René Fronteau).
Il peut ainsi traiter des objectifs variés, allant de troupes au sol aux véhicules d'un convoi, voire même les bâtiments de cantonnements.
Son équipage se compose d'un pilote, d'un navigateur-bombardier et d'un mécanicien mitrailleur arrière, pouvant manœuvrer une tourelle supérieure à deux mitrailleuses.
Caractéristiques Douglas A/B 26 Invader
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Douglas
Équipage : 3
Missions : bombardement, reconnaissances
Date du premier vol : juillet 1942
Constructions : métallique
Dimensions
Envergure : 21,34 m
Longueur : 15,24 m
Hauteur : 5,64 m
Surface alaire : 50 m²
Charge allaire : 250 kg/m²
Masse
Masse à vide : 10365 kg
Charge utile :
Masse totale en charge : 15900 kg
Performances :
Vitesse maxi : 570 km/h à 4500 m
Vitesse de croisière :
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie :
Plafond pratique: 6700 m
Distance franchissable :
Altitude de croisière :
Rayon d’action :
Armement :
Fixe : Armement de base 10 mitrailleuses de 12,7 mm, six dans le nez, deux dans chacune des tourelles.
Externe : jusqu'à 1.800 kg de bombes en soute.
Communication radio :
Moteur
Marque : Pratt & Whitney
Nombre : 2
Type : R-2800-27/29 double Wasp
Configuration : 18 cylindres en double étoile
Refroidissement : air
Suralimentation : oui
Puissance normale au sol : 2000 ch
Puissance à l’altitude de rétablissement : 1600 ch
Puissance au décollage :
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice :
Alésage : 146,05 mm
Course : 152,4 mm
Cylindré totale : 45,88 litres
Taux de compression : 6,65 :1
Hélice
Marque :
Type :
Nombre de pales : 3
Diamètre :
© Jacques Moulin 2008.
Un Douglas A/B 26 portugais. Photo prie en Angola sur le terrain de Noa Lamego.
Les Portugais ont donc aussi utilisé ces appareils dans leurs guerres coloniales
(Photo Mais Alto DR).
Le 10 mars 1959, le B-26C 290-C "J "(F-UIWJ) du groupe 1/91 Gascogne se crashe dans la Sebkra.
Il s'agit d'une panne moteur qui a contraint le pilote qui s'apprêtait à se poser. A voir les hélices, on peut penser qu'elles moulinaient encore au moment de l'impact. Cet Invader avait pour matricule USAF 41-39389 mais, à cette date, il n'apparaissait pas encore sur la dérive bien que ce fut l'époque. (Archives archives Famille Lavergne via Jean-Paul Bonora).
Complément de Mario Biancotti :
Voici ce qu'en disait Bernard Chenel dans un très vieux n° du Trait d'union (n° 31 de septembre 1973) dans l'article intitulé "Le Douglas Invader en Algérie"
A-26B-30-DL à l'origine, sérial USAAF 41-39389 n° 290-C. Prise en compte le 9 novembre 1956 CIB 329 de novembre 1956 à janvier 1957 F-UIYJ GB 1/91 de janvier 1957 à août 1958 F-UIWJ CIB 328 du 19 août au 28 août 1958 GB 1/91 du mois août 1958 à F-UIWJ Détruit le 10 mars 1959 .
Profile offert gracieusement par son auteur .
Un beau vol de groupe d’A-B 26.
Remarques et compléments de nos lecteurs:
Le 04/02/09
Au sujet de l'excellent chapitre sur l' "Invader" et ses très belles photos
Les 7 Groupes de Bombardement Moyen (11ème Brigade de BM) qui étaient dotés de Martin B-26 "Marauder", n'ont jamais été inclus dans les FAFL. L'Armée de l'Air Française ressuscitée et opérationnelle en AFN à partir de 1943 faisait partie de ce qu'on appelait "L'Armée d'Afrique". Les FAFL ne concernent que les Groupes intégrés dans la RAF en Libye et ceux intégrés à la RAF en Grande-Bretagne.
Cordialement,
Pierre MAYET Ancien pilote du Transport Aérien Militaire.
Pour ne pas confondre les B-26.
Martin B 26« Marauder » équipant une unité françaises en 1944/45.
Cet appareil ne doit pas être confondu avec l'appareil étudié ci-dessus.
Article publié dans l'Ancien d'Algérie° 473 janvier 2009