Le porte-avions Arromanches |
© Jacques Moulin 2010.
L'Arromanches, était un porte-avions de combat léger, étudié par les Anglais. Il était le prototype d'une série de neuf porte-avions de la classe dite « Colossus », de son nom d'origine. Mis en construction en 1942 pour la Royal Navy, il fut mis sur cale aux chantiers Vickers-Armstrong (Royaume-Uni) en juin 1942. Lancé en décembre 1944 et incorporé dans la Royal Navy sous le nom de Colossus, c’était un prototype de porte-avions de combat léger.
Après la guerre (en août 1946) il fut loué à la France pour une durée de cinq ans et fut, par la suite, rebaptisé Arromanches. La Marine Nationale l'acquit définitivement en 1951.
Carte postale du Colossus que m'avait offert mon oncle qui faisait partie du premier équipage de "l'Arromanches" avant que le porte-avions ne change de nom (Photo Marius Bar).
Lors de son acquisition par la Marine Nationale, en 1946, l’équipage de marins, hors de la partie aviation, fut essentiellement composé de matelots et d’officiers provenant du cuirassé Richelieu.
La Marine Nationale le rebaptise en 1948 du nom Arromanches afin de perpétuer le souvenir et l'importance de cette petite localité de Normandie lors du débarquement du 6 juin 1944. Finalement c’est en août 1951 que le porte-avions devint propriété totale de la France.
Ce porte-avions était destiné à opérer en escadre en apportant le soutien de son aviation dans des opérations offensives ou à titre de défense antiaérienne d'une formation à la mer, mais sa vitesse trop faible ne lui permettait pas d'accompagner au combat une escadre moderne. Toutefois, il rendit d'énormes services, comme l'expérience l'a prouvé, dans des opérations contre la terre comme base mobile ou comme porte-avions d'escorte.
Ce navire qui n’était pas parfait permit surtout à la France de reconstituer son aéronavale et de donner aux équipages la possibilité de s'entraîner sur du matériel moderne en attendant l'entrée en service des deux porte-avions Clemenceau et Foch. Il constitua, enfin, une base aérienne très mobile, capable d'intervenir efficacement en cas de troubles dans les territoires de l'Union française de l’époque, d’abord en Indochine puis en Algérie. En Algérie les porte-avions servirent principalement aux patrouilles maritimes contre les bateaux de ravitaillement des rebelles.
Le porte-avions Arromanches à la mer.
Il sera aussi utilisé pendant les événements de Suez ou ses "Corsair" et ses "Avenger" intervinrent lors de l'attaque sur Port-Saïd.
D’abord équipé d’un pont droit comme les porte-avions de son époque, il fut par la suite équipé d’un pont légèrement oblique (4°) qui permettait le catapultage simultané de deux appareils. Cela se fit en 1957 lorsque l’Arromanches entra en grande refonte, le pont fut alors modifié pour permettre l’utilisation d’avions à réaction.
Le porte-avions Arromanches après la modification du pont.
Une carte postale de l'Arromanches (Réal Photo CAP Paris).
En 27 années de service l'Arromanches a parcouru 600.000 miles, 67.000 heures de chauffe, 43.500 heures de navigation et 30.000 appontages.
Condamné à la réforme en septembre 1974, il est mis en vente le 5 mai 1976. La coque est dépecée par une société de démolition à Toulon.
Caractéristiques techniques.
Type : Porte-avions léger (CVL) R 95
Longueur : 211,25 m en 1943, 221,2 m en 1958.
Largeur : 24,50 m à la flottaison, 34,20 m au niveau du pont en 1943, et 36 m en 1958.
Tirant d’eau : 7,15 m
Déplacement : 14.000 tonnes Washington ; 17.000 tonnes en pleine charge
Propulsion : 4 chaudières type Amirauté à 3 corps type Yarrow, timbrées à 28 kg surchauffe
360°, turbines à engrenages Parsons, 2 hélices.
Puissance : 40.000 ch.
Vitesse : 25 nœuds, 46 km/h aux essais mais 23,5 nd en service.
Caractéristiques militaires, variables suivant la période.
Armement : 43 canons Bofors (6 x 4 et 19 x 1) de 40 mm AA (6 pom-pom quadruples Vickers et 19 Bofors sur affûts simples) (à l’arrivée en France en 1946, l’armement fut modifié en 1954 et supprimé en 1958).
Aéronefs : 24 aéronefs ou 30 hélicoptères.
Equipement électronique : 1 radar de veille aérienne DRBV 22A. Plus divers radars et systèmes d'aide à l'appontage français, américains et britanniques.
Autres caractéristiques.
Équipage : 42 officiers, 777 officiers mariniers, quartier-maitres et matelots, non compris le personnel aéro, qui est d'environ 200 hommes. Jusqu'à 1.020 hommes au total.
Chantier : Chantiers Vickers-Armstrong, Royaume-Unis.
A. Brenet, peintre de la Marine, a réalisé ce tableau représentant un Seafire
sur l'ascenseur de l'Arromanches (Origine FX Bibert).
Deux photos de l'Arromanches, probablement en 1946,
dans la baie d'Ajaccio (Photo Joannés Letang).
L'Arromanches en cale sèche à Toulon.