SNCASE "Alouette II" – SE-313B
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© Jacques Moulin 2009
Une Alouette de l’Alat.
Profil mis gracieusement à notre disposition par Patrick Marchand.
Profil mis gracieusement à notre disposition par Patrice Gaubert.
Alouette II sur une DZ en Algérie.
Les premiers prototypes d'hélicoptères appelés Alouette sont apparus peu après la Seconde Guerre mondiale. Ils avaient été conçus par la SNCASE (Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Sud-Est) dans son usine de Marignane.
C'était un hélicoptère monoplace puis biplace, propulsé par un moteur à pistons. Plus tard, en 1955, la SNCASE décida d'innover dans le domaine des voilures tournantes : elle entreprit de construire un hélicoptère à turbine fiable. C'était devenu possible grâce à la société française Turbomeca qui venait de mettre sur le marché des turbines fiables et légères (turbopropulseur).
Après plusieurs modifications naissait l’Alouette II, d'apparence identique aux appareils de son époque : bulle en plexiglas, queue non carénée mais beaucoup plus avancée techniquement grâce à la turbine Turbomeca. Le système permettait une bien plus grande facilité de pilotage que les moteurs à pistons.
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Prototype de l'Alouette I en 1951. (origine Jean Claude Mary).
Deux prototypes commencèrent donc à être assemblés. L'équipe étant peu nombreuse, elle porta tous ses efforts sur le 01 tandis que le 02 fut mis en attente des résultats obtenus lors du premier vol du 01 (des modifications seront apportées sur les commandes, la timonerie et la console d'instruments).
Le 12 mars 1955, à Buc, le prototype SE 3130-01 F-WHHE prit l'air pour la première fois, avec le pilote d'essais de la SNCASE, Jean Boulet, aux commandes. Ce fut le premier hélicoptère à turbine construit en série dans le monde.
Ce premier vol se déroula convenablement, malgré quelques soucis de résonances qui furent vite résolus. Les essais en vol se poursuivirent rapidement. Deux mois plus tard le deuxième prototype le SE 3130-02 F-WHHF prit son envol.
Le 6 juin 1955, Jean Boulet s'attaqua au record d'altitude toutes catégories et amena l’Alouette II à 8 209 mètres puis à 10 984 mètres le 13 juin 1958. En août 1955, les deux prototypes subirent des tests à haute altitude pour déterminer les limites de vol en atmosphère raréfiée et par basse température. Les deux machines obtinrent de très bons résultats. De retour à Paris, le 02 fut soumis aux contraintes du CEV de Brétigny-sur-Orge.
Alouette II en présentation à Munsingen (Allemagne) le 12 mai 1958.
(Photo Jacques Moulin).
L’Alouette II équipera de nombreuses forces aériennes et un certain nombre de ces appareils sont encore utilisés par de multiples sociétés dans le monde. Cet hélicoptère sert notamment d'appareil d'école ou de transport et il fut utilisé par la sécurité civile (qui l'adopta en 1959), par la Gendarmerie Nationale et l'Armée.
Le premier appareil de série vola pour la première fois le 1er août 1955. L'Armée reçut 394 machines (26 exemplaires pour la Marine, 139 pour l'Armée de l'Air, 229 pour l'ALAT : Aviation Légère de l'Armée de Terre).
Le 3 juillet 1956, l'Alouette II de série n° 2 effectua le premier sauvetage en montagne par hélicoptère, à plus de 4.000 mètres d'altitude et par un vent violent, en évacuant un alpiniste victime d'un malaise cardiaque.
Le 3 janvier 1957, ce sont également deux Alouette II qui mirent fin à la dramatique aventure des alpinistes Vincendon et Henry et de leurs sauveteurs prisonniers du mont Blanc. Les alpinistes ne seront hélas, pas sauvés, mais les sauveteurs qui s'étaient écrasés avec un Sikorsky furent récupérés par une Alouette II.
Rapidement, l'Alouette II en version militaire est employée pour des missions de surveillance, de liaison, de sauvetage et de recherche.
Elle a été aussi utilisée par l'ALAT, parfois équipée de missiles SS-11. Les Alouette II furent utilisées en nombre en Algérie, par l'Armée de l'Air et l'ALAT. La Marine les utilisa aussi mais apparemment pas en AFN.
Alouette II équipée avec des missiles filoguidés AS 11.
(L’AS 11 est la version montée sur avion ou hélico du célèbre missile filoguidé SS.11)
Une autre Alouette II en Algérie équipée de missile AS11 (Photo Norbert Forget)
L'Alouette II n° 1270 de l'ALAT armée d’une mitrailleuse AA-52 (Photo Origine J.P. Meyer)
L'ALAT décida, apparemment en 1961, d'essayer de se construire un type d’hélicoptère armé, l'Armée de l'Air possédait des H-34 Pirate, la marine avait des HSS armés, mais l'ALAT n'avait rien depuis les essais sans suite de l’installation d’arme diverse sur des H-21.
A l'arrivé des Alouette II des essais furent entrepris pour armer certains de ces appareil. Voilà une très rare photo d'une Alouette équipée d'une mitrailleuse AA 52, le collimateur est à l'évidence un SFOM 83 ou 83A.
D'autres essais furent aussi réalisés avec un des prototypes de l'Alouette III.
Pour la Marine, l'Alouette II est mise en service à l'escadrille 23S, dès 1956, puis au sein des formations 10S, 20S, 22S, 58S, 35F et de la section marine de l'école de Dax.
L'escadrille 10S, basée à Saint-Raphaël, mettra en œuvre une version d'Alouette II équipée de flotteurs afin de contrôler et observer les lancements de torpilles.
L'escadrille 23S reçoit en 1956 les premières Alouette II à patins SE 3130 puis, en septembre 1957, les Alouette II à roues SE 313B, mieux adaptées aux appontages.
Seules les Alouette II SE3130 /SA313B, motorisées « Artouste IIC/ IIC5 », ont été utilisées militairement en AFN, la version suivante étant sortie après la fin de la guerre.
En 1961, une nouvelle motorisation fut installée sur l'Alouette II : la turbine Turbomeca « Astazou II » de 530 chevaux, qui remplaça la turbine initiale. Un premier prototype fut construit, le SA 3180-01, qui fit son premier vol le 31 janvier 1961. Il fut suivi d'un second. Ce dernier servit de banc d'essais volant pour un nouveau rotor tripale NAT (Non Articulé en Traînée) qui sera monté plus tard sur la future SA 340 Gazelle. Ce rotor simplifié avait des pales en résine stratifiée et était composé de seulement 70 pièces (au lieu de 370 !).

Cette version de l'appareil demeura en construction sous l'appellation SA 318 C Alouette II Astazou, jusqu'à l'arrêt de sa fabrication en 1975.
De cet hélicoptère, 923 appareils SE3130/SA313B motorisés Artouste IIC / IIC5 ont été produits, ainsi que 382 Alouette SE 3180/SA318C, dans la version motorisée avec une turbine Astazou IIA/IIA2.
De nombreux essais d'évolution ont été réalisés sur l'Alouette II mais peu ont abouti à des versions commercialisées.
Une Alouette de l’ALAT, au second plan il y a des blindés dont des EBR Panhard.
Parmi ces tentatives sans suite, il convient de citer la version VIP SE-3131 Gouverneur entièrement carénée, mère de l’Alouette III. Seules deux versions ont été produites en série : la SE-3130 à turbine Artouste II et la SE-3180 à turbine Astazou (renommées SA-313 et SA-318 à partir de 1967).
Enfin, l'Alouette IIA a donné naissance, en 1968, au SA-315 Lama. Dérivé du prototype SE-3150, le Lama est composé d'une structure renforcée à laquelle ont été adaptés les ensembles mécaniques et le moteur de l'Alouette III.
Alouette II de l'ALAT sur une DZ en Algérie
Conçu spécialement pour les opérations à haute altitude, le Lama est essentiellement utilisé pour le travail aérien, comme la pose de lignes électriques en montagne.
C'est ce dérivé, le SA-315 Lama, qui détient depuis 1972 le record du monde d'altitude.
En France, les Alouette II furent retirées des forces armées en 1999.
L’Alouette II est également très répandue dans le milieu civil où elle est utilisée pour tous types de travaux.
Ravitaillement en liquide ...
Ravitaillement en viande , sur l'Al II n° 164, la chasse aux sangliers, remarquez que cet appareil volait sans portes.
Photo d'une alouette II (Photo Norbert Forget)
Alouette II n°123 à Oued Hamimin (près de Constantine ) un matin d'hiver 1961 les verrières sont givrées.
- 315 A n° 001 F-WPXS sur le parking Aérospatiale, issu du 3150 n° 001 F-ZWVM (lui-même issu du 3130 n° 02 F-BHHF) lequel a "inauguré" la mécanique de l'Al III le 11/03/1958 alors que le 3160 n° 001 F-ZWVQ a effectué son 1er vol le 28/02/1959. Donc, contrairement à l'idée reçue, le 3150 n'a pas emprunté la mécanique du 3160, mais l'a utilisée en premier quand celui-ci était encore en gestation.
- SA 3180 n° 02 F-ZLAS, équipé du moyeu rotor NAT, bardé
d'enregistreurs, qui équipera les SA 341(Photo Sud Aviation (Origine C.Faure).
Caractéristiques des Alouette II
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés).
Constructeur : SNCASE >> Sud-Aviation
Équipage : 1 pilote et 4 passagers
Type : hélico leger à usages multiple (civil et militaire)
Date du premier vol : 12/03/1955
Nombres Construits : environ 1300 plus un nombre inconnu fabriqués sous licence.(Brésil, USA, Inde, Roumanie, Suède, Suisse).
Dimensions
Diamètre du rotor : 10,20 m
Longueur : 9,70 m
Longueur hors-tout : 12,05 m
Hauteur : 2,75 m
Masse
Masse à vide : 890 kg
Charge utile : 650 kg
Masse totale en charge : 1600 kg
Performances :
Vitesse maxi : 185 km/h
Vitesse de croisière : 170 km/h
Vitesse ascensionnelle :
Autonomie en vol de croisière : 3 h 15 mn
Plafond pratique : 2250 m
Distance franchissable : 600 km
Altitude de croisière :
Communication radio :
Moteur
Marque : Turbomeca
Nombre : 1
Type : Artouste IIC de 360 à 400 ch.
Configuration : Turbine à roues solidaires
ROTORS
Rotor tripale repliable pour stockage.
Anticouple bipale à droite de la queue.
Alouette II n°1322 (numero SNCASE) de l'ALAT.
Alouette II SE 3130 n°157 (numéro militaire), en oppération en Algérie en 1959
(Photo Wavelet).
Poste de pilotage d'une Alouette II en Algérie. (Photo Demasson)
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Quelques Photos des Prototypes
Le prototype de la version "Gouverneur" de l'Alouette II carénée, version non suivie.
SE-3130 Alouette II équipé en version sauvetage (Appareil n°05)
Le SE-3130 Alouette II en version marine codé fictivement (?) 20.S 7.
Un des prototypes le F-WHHE de l'Alouette II SE-3130 en version sanitaire.
© Jacques Moulin 2009
Article publié dans l'Ancien d'Algerie n° 482 de décembre 2009.