Morane-Saulnier MS-733 "Alcyon"
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© Jacques Moulin 2010
Profil offert gracieusement par son auteur Jacques Davy
Profil publié avec l'accord de l'auteur.
En 1956 à Guelma l'EALA 5/70 est au combat avec 6 MS 733 , au premier plan le n°97 (Photo René Maurines).
MS 733, le n° 85, armé probablement en France.
Le développement du Morane-Saulnier MS-733 "Alcyon" (martin-pêcheur), en 1949, répondait à un marché d'Etat, concernant un avion d'entraînement destiné à l'Armée de l'Air et à l'Aéronautique navale.
Appelé au départ MS-730.01 prototype, il fit son premier vol le 11 août 1949 avec un moteur Mathis 8G.20 inversé V-8. Cependant, la motorisation de 180 chevaux ne satisfaisait pas aux exigences des autorités militaires. Il fut donc remplacé rapidement par un Argus As 10 de 240 ch (le moteur utilisé sur les Morane Saulnier 500). Ce prototype a volé en novembre 1949 sous l'appellation de MS-731.
Une autre version, le MS-733, fut développée en 1951 et équipée de moteur Potez 6D.30. Deux prototypes ont été testés en vol au début de l'année 1951. Le train d'atterrissage fixe fut remplacé par un nouveau modèle rétractable.
Le premier exemplaire de la version définitive a volé le 16 avril 1951 sous l’appellation MS-733.01.
Cinq avions de pré-production et de suivi et un total de 200 avions de série furent construits : 40 pour la Marine française, 15 pour le Cambodge et 145 pour l'Armée de l'Air, dont 70, équipés de mitrailleuses, prévus pour être utilisés pour l'entraînement au tir.
Cet avion connut alors une double carrière : militaire et civile.
D'une part, le MS-733 remporta un franc succès comme avion-école militaire, grâce à ses facultés formatrices.
Un MS 733 de liaison peut-être du GLA 45 (GATAC 3) vu sur le terrain de Boufarik.
(Photo Jean Berniau).
Il permettait de passer les figures de base en voltige et une version armée apparue en 1956, dotée de mitrailleuses et de bombes anti-personnel en perspective de missions antiguérilla.
Il fut également très utilisé en école de navigateur mitrailleur à la DIOM de Caen-Carpiquet, une unité d'où sortira la plus grande partie des navigateurs mitrailleurs appelés du contingent en AFN, notamment les mitrailleurs sur H-34 "Pirate".
Photo malheureusement flou prise à Caen-Carpiquet, en 1959 par Sylvain Forges. On distingue aussi un T-6 qui servait à la formation des navigateurs-mitrailleurs (ces cours étaient destinés aussi bien à des hommes de troupe qu'à des sous-officiers ou officiers de réserve).
D'autre part, le Service de la Formation Aéronautique (SFA) (civil) acquit aussi des MS-733 lesquels servirent à la formation de centaines de pilotes qui se destinaient aux carrières de l'aviation civile.
Air France loua notamment à l'Etat cinq appareils en remplacement des biplans Stampe d'avant-guerre afin d'assurer la formation de copilote à ses navigateurs et radionavigants.
Largement équipés en instruments de radionavigation, les MS-733 civils permirent d'homogénéiser la formation qui, jusqu'alors, était assurée sur bimoteur, en réalisant de surcroît une économie substantielle sur le prix de l'heure de vol.
Des écoles privées l'exploitèrent également, à l'image de l'IAAG.
Un MS 733 en révision en Algérie (Photo René Maurines)
MS-733 militaire
Le MS-733 « Alcyon », nom de baptême donné par l'Armée, se présentait comme un monoplan à aile basse, dont l'emplanture rejoignait le plan central. Conçu tout en métal, l'avion recevait un moteur en ligne Potez 6D30 de 240 ch, dont les capotages venaient recouvrir la cloison pare-feu du fuselage.
Le cockpit bénéficiait d'une large visibilité, nécessaire pour un avion-école, grâce à la verrière coulissante d'une seule pièce. Elle abritait trois places dans lesquelles se logeaient les parachutes-sièges.
Le siège arrière était, paraît-il, particulièrement ventilé, à tel point qu'à l'époque, une couverture était chaudement recommandée au passager...
L'hélice tripale Hartzell - modification faite par le SFA - possédait un changement de pas hydraulique, en remplacement de la Ratier bipale du prototype. Le train d'atterrissage était escamotable vers l'extrémité des ailes.
Enfin, l'instrumentation était complète, avec tous les équipements IFR, deux VOR-ILS, un ADF, deux VHF, un horizon artificiel et un gyroscope directionnel.
En 1956, quelques-uns seront envoyés en Algérie et redésignés MS-733A (armés de mitrailleuses et de bombes).
Un MS 733 au décollage à Guelma (Photo René Maurines)
Cette mauvaise photo détaille les armements sous l'aile d'un MS 733 : pylône de lance-roquettes et lance-bombe devant une rangée de Sipa (DR).
L'Armée de l'Air les utilisa en appui-feu pendant la guerre d'Algérie :
- SRE 09/540 (section de recherche et d'expérimentation) : 28/09/1955 - 26/06/1957 - C'est la SRE qui a conduit l'expérimentation opérationnelle de l'avion depuis Telergma puis Biskra avec 4 Morane cédés ensuite à l'EALA 5/70. Elle utilise ensuite un seul avion jusqu’en 1957.
- EALA 6/70: 5/03/1956-8/05/1957 - C'est la première EALA constituée et initialement (et brièvement) désignée EAL 71, appellation d'une escadrille de MS-500 prévue pour être transformée sur MS 733. Mais elle est constituée à Salon-de-Provence avec des pilotes de chasse de provenances diverses.
Après passage sur T-6, elle devient l'EALA 7/72 parrainée par la 9e Escadre de chasse. Elle est basée à Tébessa.
- EALA 5/70: 23/04/1956-29/04/1957 - C'est l'escadrille issue d'une unité de MS-500 après réorganisation de l'effectif selon les qualifications.
Fin 1956, cette escadrille devient "escadrille parrainée" et voit son personnel remplacé par des pilotes de la 4e escadre de chasse. Basée principalement à Guelma, elle devient EALA 17/72 le 1er juillet 1957 après abandon des Morane pour des T-6G2.
Un MS 733 en révision (Photo René Maurines) .
Vue aérienne autour de Guelma prise depuis un MS 733 (Photo René Maurines).
- EALA 1/70 : 28/05/1956-30/06/1956 -Issue de l'escadrille d'instruction du commandement des unités de MS-500 (CUM 500). Cette escadrille n'a utilisé que 3 MS-733 en version école aux côtés de ses MS-500.
La 1/70 constitue le CIEAL 330 (Centre d'Instruction des Equipages de l'Aviation Légère), le 1er juillet 1956, qui aura une dotation de 6 avions (dont au moins un armé), jusqu'à sa dissolution début 1957.
Un MS 733 accidenté (Photo René Maurines)
- EALA 7/70 :10/07/1956-26/03/1957 - Escadrille parrainée par la 4ème escadre de chasse dès sa création (à Salon-de-Provence). Basée à Oued Hamimin, elle devient EALA 18/72 le 1/7/1957, après transformation sur T-6.
Après leur retrait des EALA, des MS-733 sont affectés dans les escadrilles de liaison des trois GATAC d'Algérie :
- ELA 54 (GATAC 1) : 20/02/1957-21/04/1958 - 5 avions en dotation au 19/11/1957 à Oued-Hamimin.
- ELA 53 (GATAC 2) : 20/02/1957-11/02/1958 - 5 avions en dotation au 19/11/1957 à Oran.
- GLA 45 (GATAC 3) : 4/02/1957-12/02/1958 -10 avions en dotation au 19/11/1957 à Boufarik.
Ensuite, ils rentrent en métropole et sont affectés dans des ERALA (escadrilles d'entraînement des pilotes de réserve).
Les avions en version école ont été surtout utilisés par l'Ecole de l'Air pour l'initiation au vol avant passage sur Fouga. Après la fin de la guerre, plusieurs appareils furent vendus au Maroc.
Une version de l'avion triplace répondit dans les années 1970 à une étude du SFA qui envisageait à cette époque de remplacer le moteur en ligne Potez par un propulseur de 350 ch, ce qui aurait comblé son manque de puissance au décollage, mais le projet fut abandonné.
De nos jours, le MS-733 est considéré comme un "petit chasseur" dans l'univers des collectionneurs. Les appareils encore en état de vol sont souvent présentés au public lors de meetings ou de fêtes aériennes.
Le MS 733 n° 12 F-BHCB.
Photo probablement prise à Challes-les Eaux (Savoie) ou était le centre de formation des instructeurs pour les aéroclubs dans les années 60-70 avant le déménagement vers Grenoble.
(Photo archives Jacques Moulin et indications de Fernand Lalliard).
Un groupe d'aviateurs lors d'une prise d'armes à Guelma devant un MS 733
(Photo René Maurines).
Caractéristiques des MS-733
(Peuvent être en partie fausses je n'ai pas trouvé de source incontestables sur le sujet. Merci de compléter, si vous pouvez, avec des indications vérifiés)
Constructeur : Morane-Saulnier
Équipage : 3
Missions : entrainement >> Appui-feu
Date du premier vol : 11/08/1949 (MS 730)
Constructions :
Dimensions
Envergure : 11,29 m
Longueur : 9,50 m
Hauteur : 3,46 m
Surface alaire : 21,90 m²
Charge allaire :
Masse
Masse à vide : 1260 kg
Charge utile :
Masse totale en charge : 1670 kg
Performances :
Vitesse maxi : 260 km/h
Vitesse de croisière : 230 km/h
Vitesse ascensionnelle : 4,20 m/s
Autonomie :
Plafond : 4800 m
Distance franchissable :
Altitude de croisière : 920 km
Rayon d’action :
Armement (optionnel) :
Fixe : 2 Mitrailleuses Mac 34/39 7,5 mm
Externe : A lances roquettes et deux lances bombes
Communication radio :
SCR 300, HF, VHF etc
Moteur
Marque : Potez
Nombre : 1
Type : 6D-02A
Configuration : 6 cylindres en ligne inversés
Refroidissement : air
Suralimentation :
Puissance normale au sol : 240 ch
Puissance à :
Puissance au décollage :
Equivalent puissance :
Régime de l’hélice :
Alésage : 110 mm à confirmer
Course : 90 mm à confirmer
Cylindré totale :
Taux de compression : 8 :1 à confirmer
Hélice
Marque : Ratier
Type :
Nombre de pales : 2
Diamètre :
Moteur POTEZ 6D-02.
Autres Documents téchniques.
Tableau de bors d'un MS 733 A (Photo René Maurines)
(1) Cordon prolongateur radiotéléphone (poste gauche).
(2) Gaz.
(3) Régulateur d'hélice.
(4) Commande du feu rouge de repérage.
(5) Manivelle de verrière mobile (gauche).
(6) Commande de phare.
(7) Commande de train munie d'une sécurité (60).
(8) Commande de volets.
(9) Contrôle de la position du train.
(10) Réchauffage antenne anémométrique et lampe-témoin.
(11) Clignoteur et son bouton-poussoir de contrôle.
(12) Montre.
(13) Commande de radiocompas.
(14) Lampes UV.
(15) Manomètre d'admission.
(16) Tachymètre.
(17) Manomètre de pression d'huile.
(18) Manomètre de pression d'essence.
(19) Compas d'orientation et sa courbe de compensation.
(20) Plaquette compensation radiocompas.
(21) Commande du VHP.
(22) Rhéostat de feux de bord.
(23) Rhéostat de compas.
(24) Feu de signalisation et tirette de commande incendie.
(25) Interrupteur feux de route.
(26) Disjoncteur réchauffage Badin.
(27) Rhéostat lampes UV.
(28) Interrupteur éclairage cadran.
(29) Voltmètre.
(30) Disjoncteur général.
(31) Lampe-témoin de charge batterie.
(32) Ampèremètre.
(33) Disjoncteur incendie.
(34) Interrupteur détresse génératrice.
(35) Thermomètre d'entrée d'huile.
(36) Tableau de disjoncteurs des réseaux.
(37) Distributeur de vide.
(38) Jaugeur d'essence.
(39) Robinet d'huile.
(40) Pompe d'amorçage.
(41) Bouton alternant (sur les 2 manches).
(43) Robinet d'essence (coupe-feu).
(44) Gaz.
(45) Régulateur d'hélice.
(46) Extincteur de cabine.
(47) Robinet distributeur d’essence (Réserve - Normal).
(48) Starter.
(49) Démarreur.
(50) Etouffoir.
(51) Commande réchauffage cabine.
(54) Commande téléphone (poste gauche).
(55) Contact
(56) Commande tab de direction.
(57) et (59) Commande de tab de profondeur (postes G et D).
(58) Commande largage verrière.
Un MS 733 en visite pré-vol (Photo René Maurines)
Un appareil préservé et presenté aux couleurs du CEV
Détail de la partie armement
Légende de l’utilisation des installations de tir
1) Collimateur SFOM 83
2) Support collimateur SFOM 812A
3) Prise de courant
4) Support de lanterne du collimateur démonté.
5) Rhéostat d’éclairement du collimateur
6) Platine de répartiteur
7) Interrupteur « Marche-Arrêt » pour les roquettes.
8) Bouton de tir
9) Prise de démontage rapide
10) Disjoncteur général d’armement.
11) Disjoncteur armes sur coffret armement.
12) Interrupteur armes sur sélecteur d’armement.
13) Poignés de largage mécanique.
14) Protection de sécurité pour le bouton de tir.
15) Lampes de rechange du collimateur.
16) Support pour la glace du collimateur démontée
18) Réarmement des armes.
19) Réarmement des armes.
20) Câble de commande.
Montage mitrailleuse MAC 34/39
Montage roquettes T-10
Montage Lance-bombes Schloss 50 modifié Alkan
Montage SCR 300
Profil offert gracieusement par son auteur Jacques Davy
© Jacques Moulin 2010
avec l'aide de Gilbert Neel et de René Maurines.
Article publié dans l’Ancien d’Algérie n° 487 de mai 2010.